Banquet en l'Honneur d'Isabelle et Kadoudal.

Blanche écoutait distraitement, tout en donnant a manger au petit héritier gourmand. Elle savait que l'affaire Florin devrait se terminer un jour, mais elle préférait ne pas se mêler de ce qui ne la regardait pas.

La jeune épouse du roi orcanien posa son autre main sur la sienne et lui envoya un clin d'oeil discret.

Lorsqu'Arthur refusa de nouveau le potage et préféra se lover contre sa mère adoptive, Blanche l'entoura avec son bras . Il avait pris appuis sur le ventre plus rond que jamais et regardait le banquet, les yeux remplis de fatigue.

Son heure arrivera Dame Isabelle et ce jour la peut *et surtout* justice sera rendu, pour ses fautes accablantes...

[i]Elle écoutait tout cela... sans quitter la salle des yeux, elle se demandait bien qu'est-ce que cet homme avait bien pu faire de si terrible pour que ces deux dames et ce roi s'inquiètent ainsi... pourtant n'était-il pas enfermé quelque en sécurité ? D'où il ne pouvait pas s'enfuir?

-"Qu'a fait cet homme au juste? " Demanda la jeune donzelle

-"oh.... vraiment navrée je n'ai pu m'en empêcher .... je suis vraiment désolée....." L'air un peu surprise de l'interlocutrice laissait voire qu'elle était navrée d'avoir ainsi pu écouter les propos échangés et de s'être immiscée dans la conversation.

Dans le tintement cristallin des grelots émaillant sa modeste tenue, Cyrielle porta le corps effilé d’une flûte à ses lèvres.

La ménestrelle s’était furtivement joint au tumulte radieux régnant dans la grande salle. Jusqu’alors mêlée à la cohorte chatoyante de troubadours, elle opérait à présent en soliste.
Ses lèvres embrassèrent la précieuse faille qui guiderait son souffle tandis que ses doigts graciles caressaient l’argent en quête des orifices adéquats.

Bientôt les notes jaillirent, impérieuses. La mélodie piqua l’air de ses tonalités enjouées, dégringolant le long des tables constellées de mets affriolants, dépérissant pour mieux tonner.

Cyrielle offrait de plus en plus de pulsations au courant qui charriait la joviale mélopée. Cette dernière tranchait l’air désormais, déclinant les gammes avec la vivacité du zéphyr sans jamais tressaillir. Triomphante, elle fendait les bruissements qu’égrenaient les convives, les enserrait de sa radieuse étreinte. La dernière note s’envola jusqu’à ce que Cyrielle, à bout de souffle, se résolut à abdiquer.

[Je m'incruste, si vous me le permettez ^^]

HJ : Non seulement nous te le permettons mais en plus nous t'en prions

C'est à la reyne de poster!

Là cela devenait carrément ennuyeux et Dieu que ce vin est mauvais pensa le joli ambassadeur du Pape en reposant la coupe contenant l'affreuse piquette bretonne à laquelle il ne se ferait jamais.

Il allait partir quand deux événements le retinrent, le premier l'annonce d'une belle musique, une flutiste de talent et le second un étrange regard de la dame Kadoudal...

Quand il entendit la flute retentir dans la salle, le bel abandonné, livré à ses pensées, tendit l'oreille, c'était charmant, frais, pas aussi sophistiqué que les divins musiciens de la chapelle privée du Saint Père mais néanmoins intéressant... il allait se diriger vers le mignonne petite musicienne pour le féliciter quand la souverain local l'invita à sa table... Frustrant, non ?

Au moment où il tournait les talons, il croisa un énigmatique regard de l'ex Isabelle de Mannach... auquel, bien sur il répondit.
Pour lui répondre il lança à la belle ce que la Farnesi, grande courtisane, ex maitresse de son frère, appelait son "regard innocent", regard de totale fausse innocence qui avait poussé la belle romaine à déserter le lit de l'ainé pour partager la couche du cadet... Mi interrogatifs, mi candides, les grands yeux noirs de notre bellâtre croisèrent ceux de l'encore vierge dame Kadoudal...

... elle avançait vers lui.
Le séducteur roué eut un peu de mal à retenir le sourire de triomphe qui ne demandait qu'à éclairer son visage un peu trop parfait. Il se contenta d'un "gentil" sourire... plein de respect. Qu'elle était charmante "la petite Mannach", loin de la sensualité de la dame de Blaye, mais tellement emplie de cette innocence que donne le couvent aux filles des bonnes familles de Rome que le petit cœur, si sensible à ce genre d'argument, de l'Ambassadeur ne pu réfréner un léger bond...

- Madame la Conseillère, dit-il en la saluant plus bas qu'il ne l'eut du, le Saint Père par l'entremise de ma personne ne peut ignorer votre situation... de conseillère du trône d'Orcanie de plus épouse d'un des plus proches conseillers de roi et de sa mère... Il avait prononcé étrangement le "situation", laissant penser qu'il n'allait parler que du mariage mais insistant au contraire sur la promotion de la jeune "conseillère"... et, ce faisant, pendant ce petit laïus prononcé mezzo vocce son visage était redevenu sérieux. Sérieux vite abandonné quand il dévoila ses dents blanches pour un :

- Mais nous sommes surtout ici pour célébrer votre mariage et la musique devient tout à fait charmante... voir même dansante... Que diriez-vous dame Isabelle d'ouvrir le bal au bras de l'Ambassadeur du Saint Père ? Et sans plus de cérémonie il tendit son bras musclé couvert de brocards à la dite Dame...

Alors que Cyrielle charmait les anges et les nobles oreilles rassemblées là, une petite silhouette fendait la foule, discrète, jusqu'à parvenir à l'endroit où les musiciens qui animaient le banquet s'étaient rassemblés, attendant la fin de la prestation de la petite nouvelle.
Tout le monde connaissait tout le monde, dans le cercle des saltimbanques de tout poil qui avaient l'honneur de pouvoir animer les banquets de la cour; aussi, on assistait au spectacle avec curiosité, et beaucoup applaudissaient d'avance l'arrivée d'une nouvelle venue dans leurs rangs. Morrigane, qui avait passé les derniers jours en compagnie successive de Kaarl et de Gareth dans la préparation de leur équipée, n'avaient rien prévu pour la fête des épousailles, mais cette nouveauté lui donna l'occasion de faire ce en quoi elle excellait d'ordinaire: l'improvisation.

Jetant son manteau dans un coin, elle laissa Nébu baguenauder dans la salle, et fit son entrée, le jupon un peu froissé mais toujours aussi court et aussi bariolé. Elle avait à peine eu le temps de passer les vêtements qu'elle ne sortait que pour les grandes occasions, jupes rouge et or, et un flot de perles et de grelots qui faisaient scintiller ses cheveux et son corsage très ajusté.

Un oiseau de sang et de lumière s'était posé sur le dallage de la salle... Elle y avait tant dansé, ses pieds nus avaient tant martelé son sol qu'elle pouvait presque reconnaître chaque usure, chaque jointure, chaque petite variation de la pierre polie par les ans.

Un instant d'immobilité, et elle s'élança, comme se jetant à corps perdu dans les remous de la musique, se glissant dans le courant, sa silhouette mince virevoltant avec grâce dans le bouillonnement écarlate de ses jupons et de sa chevelure, nimbes sanglants émaillés d'or et de reflets scintillants.
Morrigane dansait, comme toujours, mais quelque chose en elle avait changé; il y avait en elle une vivacité, une joie, qui n'était pas si présente d'ordinaire. Les yeux fermés, la jeune femme souriait, tandis que ses pieds nus glissaient sans bruit sur la pierre. Au travers de la musique solitaire, on percevait le tintement délicat des grelots de sa robe, et le froissement des jupons qui s'agitaient, dévoilant parfois de longs lambeaux de chair pâle où couraient de vagues motifs sombres, à peine visibles.

Une flamme inconnue brûlait en elle, illuminant son être tout entier, à tel point qu'elle semblait luir de sa propre lumière. Elle irradiant une passion nouvelle, se mêlant à la musique; elle aurait pu s'effacer derrière elle, se contenter de la mettre en valeur, mais de pas de danse en pirouette, Morrigane se laissait aller.

Ce n'était plus vraiment pour les convives, qu'elle dansait ainsi.
C'était pour quelqu'un qui n'était pas présent, mais qu'elle voyait encore derrière le rideau de ses paupières... Elle entendait encore sa voix résonner à ses oreilles, elle sentait encore son souffle se précipiter, puis s'apaiser, comme les vagues d'un océan.
Il était là, toujours, avec elle... Et c'était pour lui qu'elle dansait.

Alors que les yeux du jeune ambassadeur furent éblouis, et terriblement attirés, un instant, par la barbare et sensuelle danse de la barde royale, le Conseiller Kadoudal fit son entrée en scène... Juste au moment où sa belle femme demandait de par ses actes et son attitude un peu de respect de la part du fougueux Padoue... Le bellâtre romain n'avait pas vu l'électrochoc qui avait saisi le soudard orcanien et fut un peu surpris de le voir jaillir tel un diable qui sort de sa boite au plus mauvais moment...
Il était donc dit qu'en cette cour barbare il ne serait pas possible de butiner fleur interdite tranquille... quels moeurs pénibles pensa le comte.

Il ne laissa rien paraître de ses émotions, restant calme, agréable et très souriant... il s'adressa à la Conseillère en premier lieu avec humour :

- Dame Kadoudal, je serais très heureux de pouvoir contempler en compagnie de votre charmante duègne toute oeuvre d'art... qui jurera affreusement avec son repoussant minois pensa le beau Charles. Puis il se tourna toujours souriant vers le conseiller de Mordred et Morgause avec qui il tenait à rester... cordial.

- Sire Kadoudal, à tout seigneur tout honneur, il ne conviendrait que cette toute première danse ne fut votre... je suis patient et n'ai jamais discuté la priorité de l'époux, bien naturelle et légitime. Ambigu propos qui laissait supposer que seule la priorité était légitime.. propos qu'il ponctua de ses éclatantes dents blanches...

Un bruit de brocart se fit entendre derrière le sire de Padoue.

"Vous m'accorderiez donc cette danse seigneur ?"
L'accent était étrange, mais le latin lui même était bon.

La dame derrière le romain n'était en rien une laideron, si l'on ne tenait pas compte de l'hideuse cicatrice qui barrait son œil gauche. Ses cheveux sombres attestaient d'une ascendance méridionale que contredisait le bleu de ses yeux. Elle portait une robe d'un violet pâle découvrant ses épaules mais couvrant ses bras jusqu'aux poignets. Le tout était complété d'un lourd torque d'or aux extrémités terminées par des têtes d'oiseaux. Visiblement le but était d'être a peine moins somptueuse que la mariée, mais de peu.

Le jeune ambassadeur galant malgré sa tendance à l'impertinence ne répondit à la dame Kadoudal que d'un salut... cela évitait de plus de se retrouver dans un espèce d'affrontement perdu d'avance avec son chafouin d'époux. Il se tourna donc vers la dame de compagnie qu'il salua avec son onctuosité habituelle....

- Madame, je suis honoré de co-ouvrir ce bal au bras d'une aussi charmante cavalière...

La dame était étrange, belle, fine, parlant un latin de qualité avec un accent étranger difficile à cerner... elle portait sur le visage une marque que peu de dames de la noblesse portent... cela lui donnait un charme supplémentaire, étrange, comme un exotisme... Elle intéressait Charles, mais bon, quasi tout ce qui portait jupon intéressait Charles et même quelquefois ce qui portait haut de chausse... Il eut un beau sourire, tendit à la dame son bras musclé couvert de brocard avant de lui demander tout de go :

- Mademoi... madame KadoudaL vous présente comme une presque compatriote, m'est-il permis de vous en demander plus ?

Sa voix était chaude, sensuelle, le ton charmant et cultivé... et ses yeux noirs brillaient de curiosité, toute dame jolie et intrigante ouvrait sa curiosité...

Celieth posa délicatement le bout de ses doigts à l'intérieur de l'avant bras de Charles, le retenant le temps que les premières mesures s'écoulent.

"Ma grand-mère était romaine, fille du gouverneur de l'Alta Semita. L'une de mes cousines est venue sur les terres de mon père au début de l'été dernier, avec la femme de mon frère. Si vous le voulez, je vous raconterais tout cela plus tard."

Elle fit courir ses doigts le long de l'avant bras du Comte de Padoue jusqu'à toucher le bout de sa main puis elle l'entraina vers le milieu de la salle pour rejoindre les jeunes époux et les autres couples qui avaient attendu à proximité de leurs sièges.

Elle s'élança ensuite dans les mouvements intriqués de la danse choisie pour l'ouverture du bal, s'éloignant, se rapprochant, effleurant sans que jamais on ne voit plus qu'une manche parme couler le long des vetements du beau sire.

Il écouta avec gentillesse la brève présentation de la dame, notant qu'elle ne souhaitait en dire plus... pour le moment entra dans son jeu... troublant.
En effet, si en apparence elle restait digne et sur son quant à soit, ses doigts effleuraient le jeune homme. Il garda un visage avenant et souriant, semblant comme elle loin de sa partenaire, semblant seulement puisqu'il répondait très discrètement aux effleurements de la dame. S'il ne bénéficiait pas, comme elle, de larges manches cachant les mouvements des mains, il bénéficiait de l'avantage d'être en position de meneur de la danse, rôle dévolu à l'homme qu'il était... et, donc, c'est légèrement qu'il influait sur sa cavalière, la ré-aiguillant imperceptiblement... sauf pour elle, l'entrainant dans un rythme qui s'il suivait la musique leur était personnel, un ton sur ton était marqué...
Il répondit néanmoins à la déclaration de la dame :

- Il faudra que vous m'en disiez plus dame Do Losterno, la noblesse romaine est rare dans les isles du nord, il semble que l'Empire y ait moins qu'ailleurs laissé trace... et contre moins souche... Vous êtes certainement une des dernières en ces lieux et en tant que romain, fils de romain, et dont les ancêtres remontent à la création de la ville, vous imaginez bien que vous m'intriguez, non ?

Le "non", fut susurré... comme un soupir... doux et agréable...