Entretien avec l'évêque ( pv isa et maelrhys )

La jeune reyne, encore et toujours incertaine dans son rôle, finit par se décider et alla voir la dame Isabelle.

Malheureusement, Blanche n’avait pu trouver Dame Niniane. Certains avaient avertis la reyne, qu’elle apparaissait généralement quelques fois au château. Même Élinor lui avait encore déclaré son absence. Blanche l’en informerait lorsqu’elle ferait son apparition en Orcanie.

La veille de l’entretien, la jeune femme avait fait avertir le prêtre de Warminster de sa venue et de celle de la Comtesse de Mannach le lendemain.

Après de brèves salutations, La comtesse et la reyne se rendirent sans plus un mot, à la chapelle du nouveau prêtre. Celui qui avait succédé à l’impitoyable Florin.

Comme par habitude, la chapelle était plongée dans le noir. Seule la chaleur réconfortante des bougies allumées rendaient la pièce sereine.

Depuis son arrivée, elle se laissait toujours guider, mais cette fois, elle connaissait bien le chemin.

La reyne avait été silencieuse durant le trajet. La jeune femme frappa à la porte de l’évêque, attendant bien sur une réponse ...

Isabelle de Mannach se sentait terriblement nerveuse.

Elle suivit la reyne d'Orcanie dans les couloirs obscures, la mine légèrement crispée.
Elle était heureuse de voir que son intérêt pour son cher hôpital était partagé par la nouvelle épouse de Mordred ; et particulièrement contente de pouvoir parler au prêtre Maelrhys...
Le seul problème était que la jeune fille avait peur. Démesurément peur de se ridiculiser, de dire un mot maladroit...

Elle jeta un coup d'œil à la royale jeune épouse de Mordred, la jaugeant du regard.

Elle avait l'air si sûre d'elle pour une fois, comme si elle se sentit dans son élément. Sans doute était-ce positif : la Reyne commençait à intégrer sa fonction.
Un grand espoir illumina le coeur de la demoiselle... la calmant brièvement de ses doutes. Elle voulait l'accord de l'Église pour son projet. C'était simple. Isabelle pourrait se montrer digne de son fiancé et de son père.

Son regard se porta à nouveau vers Blanche, tandis que celle-ci frappait à la porte de l'ancien bureau de Monseigneur Florin.

L'évêque Maelrhys était tout occupé a rédiger un sermon fort important lorsque des coups répétés contre la porte de son bureau retentirent .

Le bon ( petit ) père savait pertinemment de qui il pouvait bien s'agir et signifia d'un signe de main à son aide, qui se tenait à ses côtés, qu'il pouvait laisser entrer les visiteurs ...

Le novice s'exécuta et après avoir ouvert la porte, puis s'être incliné devant la reyne et la comtesse de Mannach, leur laissa le champ libre .

L'évêque, lui, se redressa, afficha le plus chaleureux des sourires, de bienvenue, avant de déclarer :

Votre majesté !
Chère comtesse ...

Je suis honoré et très heureux de vous recevoir en mon humble bureau !

Mais je vous en prie ...

Dit il, le plus courtoisement du monde, en désignant de ses grandes battoirs les deux sièges lui faisant face .

La jeune reyne se demandait tout à coup quel élan il lui prenait. On aurait dit qu'elle avait fait ça toute ça vie, tellement elle était en confiance.

La jeune Blanche entra , suivit de la Comtesse.

Évêque Maelrhys, le salua la reyne, un sourire aux lèvres.

Merci encore de bien vouloir nous recevoir ...

La souveraine d'Orcanie se demandait si Père Maelrhys était plus ouvert d'esprit que le Père ou plutôt l'ex évêque de Warminster. Florin aurait sûrement voulu étrangler la Comtesse, pour sa demande.

Elle avait toujours vu la réticence dans ses yeux, lorsque l'on parlait d'Avalin ou encore de la Dame Niniane et de ses "amies".

Pour ne pas précipiter les choses, Blanche laissa le temps à la jeune comtesse de respirer. Elle avait semblé nerveuse. Pourtant, elle avait l'accord des deux souverains...

La jeune fille entra lentement dans la pièce de l'ancien Évêque Florin.

Un peu pâle, elle se dirigea vers l'ecclésiastique, s'agenouillant pour lui baiser la main, avec cérémonie.

Elle tenait par-dessus tout à respecter les usages et les convenances : son père n'entendrait pas parler d'elle comme d'une sauvageonne malpolie !

-"Évêque Maelhrys... C'est un grand honneur de vous rencontrer."

C'était une voix toute frêle qui sortait de sa bouche, malgré ses efforts pour ne pas laisser ses genoux - et tout son corps - se mettre à trembler devant son incroyable hardiesse.
Qui était-elle pour oser aller contre les souhaits de l'Église ?

Elle s'assit, ses grands yeux verts pleins de doute et d'incertitude, mais aussi d'une once de fierté : après tout, c'était à des personnes comme elle de décider de l'avenir. Uniquement symbolique... Elle fixa brièvement la flamme d'une des bougies, puis reporta son regard, alerte, sur celui de son interlocuteur.

-"Je suppose que vous savez pourquoi nous sommes ici, Monseigneur. C'est une affaire, qui, je crois, requiert toute l'attention de l'Église... surtout au vu des derniers évènements."

Isabelle de Mannach ménagea une pause dans ses paroles, le cœur battant.

Maintenant qu'elle était là... son amour naissant pour la politique refaisait immédiatement surface, happant ses peurs les plus intimes.

"Merci encore de bien vouloir nous recevoir ..."

La Reyne était décidément emplit de prévenance .

Je vous en prie, c'est la mon devoir, votre majesté .

Au regard de la dévotion et du sens du protocole de dame Isabelle, l'évêque esquissa un faible sourire ... La comtesse était l'une des fidèles les plus assidues de la cour et un merveilleux exemple pour tout à chacun .

-"Évêque Maelhrys... C'est un grand honneur de vous rencontrer."

J'en suis également ravi, chère comtesse .

Les salutations et formules d'usages échangées, les trois protagonistes s'installèrent et commencèrent a deviser :

-"Je suppose que vous savez pourquoi nous sommes ici, Monseigneur."

Le prélat acquiesça doctement, son habituel sourire bienveillant ( et paternel ) figé sur les lèvres ...

Certes, oui ...

L'édification du prochain hôpital, ainsi que ... Votre proposition de "partenariat" avec les prêtresses du temple .

Et bien ... Je vous écoute ma fille .

Rien dans le ton de la voix du prêtre ne laissait présager son opinion intime sur cette délicate question ...

Mais puisque cette noble demande était appuyée par les royaux personnages, et venait concrétiser la politique de concorde religieuse du royaume ...

Maelrhys, en bon chrétien éclairé ( et loyaliste ) ne pouvait, évidemment, qu'approuver une initiative aussi altruiste .

Il eut donc un regard plein de respect pour la reyne avant de reporter toute son attention sur Isabelle .

Pour tout avouer Blanche n'était que l'approbation et encore le soutien royal dans toute cette affaire. Mais, elle s'imaginait déjà que le nouveau père en fonction était d'ores et déjà, plus chaleureux que l'ancien. Ce qui l'enchantait, car la reine était dans le mode tout savoir sur ceux qui l'entouraient.

Le regard que la reine accorda à Isabelle, fut celui qu'elle était désormais la seule à expliquer au bon père Maelhrys ce qu'elle désirait pour l'hôpital.

Elle était la mieux placée ici à concrétiser son projet. Ce qui était bien dommage de l'absence de Dame Ninianne. Mais la reine savait rarement, ou elle se trouvait. Et lorsqu'elle se trouvait en Orcanie, ce n,était jamais pour longtemps.

Le regard que lui accorda le prêtre la fit sortir de ses pensées et elle lui accorda un sourire , comme elle le faisait si bien.

Il n'y aurait plus qu'à rencontrer la Dame de Mannach avec Ninianne. Pour son premier cas, le roi l'avait bien choisi et cela rendait Blanche totalement heureuse de pouvoir mettre la main à la pâte.

Isabelle de Mannach expira doucement, le cœur battant. Une mèche dorée, délicatement torsadée, s'échappa du voile austère recouvrant ses cheveux, pour venir encadrer son visage rond et comme illuminé de l'intérieur par la dévotion et la concentration.

-"Voyez-vous, Monseigneur, l'édification de cet hôpital de charité est un projet que j'ai mûrement réfléchi. Ayant moi-même désiré devenir nonne, le comté de Mannach accepte de prendre en charge tous les frais inhérents à l'établissement : mobilier, recherche de main-d'œuvre, coût de bouche. Bien sûr, le choix du personnel vous revient désormais... même si j'ai quelques noms à vous proposer, si vous êtes d'accord, bien entendu."

La jeune fille marqua une petite pause, très droite sur sa chaise : à l'évidence, elle n'était guère habituée à courber la tête naturellement.

-"Le problème n'est pas là. Étant donné la décision de Sire Mordred, et la malheureuse situation en Austrasie, il ne me semblerait pas juste de refouler des pauvres hères sous prétexte qu'on ne peut leur octroyer les derniers sacrements qu'ils réclament. Après tout, ce que le prévôt accorde - deux poids, deux mesures, et ce grâce à l'entremise du seigneur Mordred - la simple raison exige que nous fassions de même.
De plus, l'Église aurait tout à gagner à ce geste généreux."

Elle tempéra ses derniers propos d'un sourire un peu timide, révélant sa grande jeunesse dans l'innocence et l'ardeur de son discours :

-"D'un point de vue public, vous vous assurerez la reconnaissance du peuple encore tourné vers les idoles profanes, qui admireront votre tolérance à leur encontre. En pénétrant dans l'hôpital, ils seront tout au même au contact des nonnes, ce qui ne manquera pas d'engendrer des conversions. Les meilleures... celles librement consenties.
D'un point de vue plus matériel, moins de personnel payé par l'Église diminuera les dépenses que je viens solliciter auprès de vous... Ce qui, je pense, n'est pas sans conséquence. Vous pourrez consacrer plus de moyens et d'énergie à d'autres choses, sûrement bien plus importantes. Je vous implore de prendre tout cela en considération , et viens donc solliciter votre accord, avant d'en parler à la Grand Prêtresse Niniane. "

Parfois, l'Église ne pouvait s'imposer par la force, surtout en période de catastrophe naturelle : main de fer pouvait exister dans gant de velours...

L'évêque ne pouvait qu'acquiescer, sans réserve aucune, aux propos et propositions de la dame Isabelle ...

Qui était réellement impressionnante, et plutôt convaincante : celle ci avait réussit a toucher le bon père Maelrhys au plus profond de son être .

Aussi le très tolérant et pragmatique prélat ne put aller que dans le sens de son interlocutrice ...

Et puisque la couronne, ici représentée par la reyne Blanche, chapeautait cette initiative : ce projet ne pouvait être que bénéfique :

Je vous sait grée d'être à l'origine de ce noble projet, chère comtesse .

Et loue également la grande générosité de votre père, le comte de Mannach !

Il va sans dire que j'accepte volontiers votre aide s'agissant la constitution du futur personnel de l'hôpital .

Et, évidemment, cette merveilleuse idée de cogestion, avec les prêtresses du temple ! Que j'appelle de mes voeux .

Tout les sujets du roy seront donc accueillit en ce lieu de charité et de paix ...

Face à la sombre misère qui accable le bon peuple de la cité : nous nous devons de rassembler, d'unir nos forces et notre énergie, afin de soulager les malades, et nécessiteux !

Maelrhys était lui aussi aux anges : il rayonnait littéralement !

Et pour lui la finalité altruiste du projet se suffisait, pratiquement, à elle seule ...

Les éventuelles conversions que pourrait encourager cette volonté nouvelle, seraient, bien évidemment, les bienvenues, mais tout cela restait secondaire, pour l'instant .

Du moins dans l'esprit de monseigneur Maelrhys .

Blanche était pleinement heureuse que tout plaise a tout le monde. Pour tout avouer, la proposition ne faisait que renforcer la concorde religieuse instaurée par le roi. Faire la paix, enfin avec les membres d'Avalon.

Je vois que tout le monde est enthousiastes à l'idée très généreuse de Dame Isabelle.

Et je ne doute guère que Dame Ninianne en sera ravie également.

Blanche avait toujours ce sourire et encore, elle avait parlé avec une voix remplie d'assurance.

Peu à peu, plus rien et plus personne ne l'intimidait dans les affaires d'Etat ou encore dans les projets dont le roi tenait. Comme on le disait, il en était plus que temps. Jamais , personne n'aurait cru que la reine puisse enfin se prendre en main.

Connaissant peu le nouvel évêque, Blanche se doutait bien qu'il n'avait rien de Florin et elle remerciait le ciel de ne pas avoir mis l'inquisiteur de nouveau sur son chemin.

La jeune fille se sentit rougir sous les compliments de deux personnes.

Jamais encore elle n'avait senti aussi fort l'approbation de deux personnes ; jamais encore elle n'en retirait autant de plaisir qu'en cette seconde. Que c'était encourageant, et merveilleux, et comme cela récompensait son travail au-delà de toutes les limites qu'elle avait pu imaginer !

Même si le plus dur restait à faire - l'entrevue avec Niniane, la diabolique et terriblement peu diplomate Grande Prêtresse.
Cela n'allait pas être une rencontre plaisante ; mais il était cependant nécessaire, et Isabelle de Mannach n'entendait pas se dérober.

Les joues empourprées, elle reprit la parole, cherchant à dissimuler un certain trouble. Ils devaient tous entendre son cœur. Il tambourinait si vite !
-"Le Seigneur nous commande de porter secours aux plus miséreux. Dame Niniane et moi... avons eu un léger différent. Mais je pense qu'elle saura voir saura oublier .. les contentieux personnels, pour ne considérer que la raison."

En espérant qu'elle en possède une bribe, évidemment. Mais c'était une Grande Prêtresse, tout de même... Son projet valait bien un instant désagréable !

La jeune comtesse se remit à sourire, un peu crispée.

-"En parlant de personnels, si vous êtes d'accord, Monseigneur, j'ai donc ici les noms... de quelques sœurs qui sauront se dédier entièrement au nouvel hôpital. Je dois vous avouer cependant que mon jugement mérite quelques réserves de votre part... J'ai passé la majorité de mon existence à leurs côtés, et ce sont de très chères amies. Mais je ne vous encouragerai pas à les faire venir jusqu'ici si je ne savais pas qu'elles étaient particulièrement intègres et dévouée à notre Seigneur."

Qu'elles soient là pour son mariage... Et après, les revoir, chaque jour de sa vie ! Ses amies, son mari... la vie serait parfaite.
Qu'à Dieu ne plaise que l'évêque approuve son choix !

Voilà qui était parfait : les deux nobles dames semblaient toutes deux penser que la grande prêtresse serait toute disposée a accepter cette offre de coopération ...

Et pourquoi en serait il autrement : c'était là une proposition honnête et un formidable signe d'ouverture .

Oui, je vous approuve mes dames : la grande prêtresse est femme raisonnable, celle ci acceptera, sans nul doute, avec plaisir votre offre si généreuse !

Pour ce qui était des quelques nonnes que dame Isabelle tenait a faire venir à Warminster : l'évêque ne pouvait qu'approuver et même "signer" des deux mains . Tant on manquait de personnels à la chapelle, cette suggestion était donc la bienvenue :

Mais bien entendu, chère comtesse !

Vos connaissances ne seront guère de trop afin de venir renforcer le personnel disponible, et, qu'en nombre trop réduit à mon goût .

La crise des vocations ! Déjà .

A croire que ce problème a toujours été plus que lancinant tout au long de la vaste histoire du christianisme ...

La reine savait et ne manquerait certes pas, la rencontre avec la Dame Niniane. Mais Blanche avouait, que depuis un certain temps, les prêtresses et druides semblaient venir de tout côtés.

Si vous avez eu un différent avec Dame Niniane, je suis sure qu'elle a déjà oublié.

La Dame Niniane était plus qu'agréable au yeux de la reine, car en réalité, elle l'avait sauvé d'une mort certaine. Mais sous les paroles de la comtesse, Blanche se demandait si le "léger différent", n'était pas d'ordre religieux ?

Peu importait, seule la concorde religieuse et le projet de la comtesse Isabelle comptaient pour l'heure.

Ne manquait plus que la fin des constructions et tout le monde pourra vivre a égalité, du moins, pour le bon peuple ( enfin ? )...

La douce Isabelle eut une légère grimace.

-"J'espère que vous avez raison, ma Reyne... Mais sincèrement, je ne le pense pas. Je ne pourrais oublier moi-même les paroles que nous avons échangés. Heureusement, sire Kadoudal était là... Peut-être a t-il pu lui insuffler un peu de sa sagesse."

Elle toucha son voile du bout du doigt, les yeux soudain pensifs, un pâle sourire errant sur ses lèvres roses et naturelles.

L'évêque avait accepté. En envoyant sa propre garde, en leur fournissant chevaux et ressources, elles pourraient sans doute être là le jour de...

Ses traits s'éclairèrent.

-"En parlant du conseiller Kadoudal... vous n'êtes pas sans savoir qu'il est mon fiancé... et ce désormais depuis six mois environ. La période de deuil consacré à la mémoire de ma chère sœur vient de se terminer... et nous aimerions, avec votre consentement, Monseigneur, fixer enfin une date pour nos épousailles."

Elle était redevenue calme et sereine, cette jeune fille, et ses traits purs semblaient refléter l'image même de la résignation et de la résolution.
Elle sourit avec innocence à Blanche, puis à Maelrhys, quêtant leur réaction. C'était encore un peu tôt pour le mariage ; mais son père tenait à ce que "l'affaire" soit conclue rapidement... et elle-même n'y voyait guère d'inconvénient. Geoffroy était un homme qui semblait si dévoué !

Maelrhys avait écouté en silence le court échange entre la souveraine et la comtesse de Mannach ...

Le sujet en était la grande prêtresse d'Orcanie et son degré de rancune probable .

Mais ce bon père d'évêque détenait peut être la solution, évidente, en vérité :

Si je puis me permettre, mes dames ...

Puisque vous majesté, escomptez accompagner la comtesse au temple, vous pourriez ainsi vous posez en conciliatrice et donc prévenir toutes tensions éventuelles ...

Afin de faire aboutir, concrètement, notre projet !

Ceci étant dit, Maelrhys reporta pleinement son attention sur la dame Isabelle, et sa demande d'ordre ... Nuptiale .

Et bien évidemment, l'évêque connaissait le sieur Kadoudal, de réputation et plus concrètement, pour être son confesseur et ... pour avoir trinqué avec lui, il y a peu de cela ! :p

Car si le conseiller était un vrai phénomène, en son genre, le prélat de Warminster n'était point triste lui aussi ...

Mais trêve de rêveries pas très chrétiennes et revenons au sujet :

Je suis heureux d'apprendre cette bien bonne nouvelle, chère comtesse !

Et me tiens, évidemment, à votre disposition, pour toutes dates de votre choix .

Le prêtre ne pouvait guère mieux dire ...

Blanche haussa les sourcils se demandant bien quelle sagesse avait pu insuffler Kadoudal à la grande prêtresse.

La reine posa son regard redevenu tendre sur Maelhrys.

Elle ne savait pas encore. Aller au temple avec des gorilles du roi ? Dès qu’elle avait le minimum de protection qui lui courait après, elle en abusait. Mais il est vrai qu’elle désirait voir ce temple de plus près. Car si Blanche faisait confiance à au moins, une fille de la déesse, hormis la douce Élinor qui s’occupait des bambins royaux, c'était bien en Niniane qui était une personne de confiance.

Mais si, vous désirez, je peux m’entretenir avec la grande prêtresse.

Tout le monde savait que la reine n’oserait jamais faire affront à celle qui lui avait sauvé la vie. Celle qui surpassa ce fichu Merlin.

La reine repartit dans ses pensées, lorsque le bon prélat fit mention du mariage. Il était contrastant avec son ancien collègue. Bien plus ... sage ?

La jeune comtesse hoche la tête.

La reyne en conciliatrice ? bien entendu, c'était une très bonne idée. Elle ne devait pas perdre de vu son objectif principal : il ne fallait pas que le bon peuple de Warminster fasse les frais de sa malheureuse dispute avec la Grande Prêtresse.

-"Je suis sûre que la reyne Blanche saura s'acquitter de sa tâche... voulez-vous que nous nous rendions directement au Temple après ? C'est un peu de fatigue ; mais les miséreux valent bien cette attention, je pense."

La douce enfant eut un sourire rempli de piété et de douceur.
Oui, il ne fallait penser qu'à tous ces pauvres hères qui avait besoin de secours.

-"Sinon, concernant le mariage, j'ai songé que le 21 juin, le jour de la fête de l'été, serait approprié. Qu'en pensez-vous, Monseigneur ? Je souhaiterais tellement que tout ceci se fasse dans le bonheur le plus éclatant qui soit pour chacun. Ma robe est presque prête, et Père m'a fait informé que mon trousseau l'était."

Une rougeur subite, marque de sa pudeur extrême, vint colorer ses joues.
Elle orienta ses paroles dans un sens moins intime, rapidement.

-"Nous pensons donner un bal pour l'évènement. Mais en réalité, ce qui me ferait le plus plaisir..."

Une autre rougeur, cette fois fugitive, colora le reste de son visage, où ses yeux brillèrent, comme remplis d'espoir.

-"Peut-être pourriez-vous organiser des choeurs dans la chapelle ? Les soeurs de mon couvent y sont très douées, et... leur chant est pareil à celui des anges : pur et doux. Voilà la vérité nue, Monseigneur : leur voix me donneront du courage pour l'épreuve de ma vie entière. Acceptez-vous ?"

-"Je suis sûre que la reyne Blanche saura s'acquitter de sa tâche..."

Maelrhys ne put qu'acquiescer à l'écoute de cette affirmation : la souveraine était une femme posée et raisonnable, elle ne pourrait échouer . L'évêque, lui aussi, en était persuadé ...

Puis la comtesse s'adressa au bon prêtre, pour lui suggérer une date, pour les noces, et même ... Une idée de son cru, et tout à fait charmante : demander aux soeurs ( venant du comté de Mannach ) de faire montre de leur talent de vocalistes à cette occasion !

Le prélat officiant n'y voyait aucun inconvénient :

Tout sera donc prêt, le 21 du mois de juin, pour célébrer ces épousailles, comtesse !

Et ... Je ne puis qu'accéder à votre souhait, concernant les choeurs, lors de la messe ...

Les soeurs se joindront donc aux jeunes novices de la chapelle .

Cette merveilleuse idée m'enthousiasme au plus haut point, chère comtesse !

Oui, Maelrhys était ravi : n'étant pas quelqu'un d'austère, celui ci n'était pas contre le fait de distiller un peu de vie et de couleurs ( et de musique ) dans les cérémonies à la chapelle .

De plus il s'agissait d'un mariage, que diable ! :p

Un événement tout à fait réjouissant .

Si la Dame de Mannach désirait partir dans l'immédiat la reine ne se plaignait pas et acceptait.

Puis-je vous laisser prendre le temps de consulter davantage monseigneur Maelhrys , pendant que j'avertie le roi que nous nous rendons au temple et faire sceller les chevaux ?

Comme tous le savaient, La reine n'avait pas la liberté totale de circuler, sans que son époux sache ou elle se trouve, en lui collant au moins quatre a six gardes. Elle avait peu, mais elle s'en plaignait pas réellement.

Il lui plairait de chevaucher, pour une dernière fois, jusqu'au nouveau temple. Puisqu'elle partirait d'ici peu, du moins, avant que le roi se décide enfin de commencer ce voyage

Ce qu'elle désirait de plus en plus.

La jeune fille acquiesça aux interrogations de la reyne Blanche, avec docilité.

-"Ma Reyne, vous êtes la maîtresse... Vous pourrez assurer au Roi que bien entendu, toute mon escorte personnelle sera mise à votre disposition, et vous sera dévouée jusqu'au dernier. Elle nous accompagnera, s'il lui sied, jusqu'au Temple de la Grande Prêtresse."

Isabelle marqua une brève pause.

-"Avec votre accord, nous pourrions tous nous retrouver devant la herse... J'ai effectivement encore à parler d'une dernière chose avec Monseigneur Maelrhys."

Son cœur battait la chamade à l'idée de revoir ses amies. Décidément, la future Dame Kadoudal n'était pas faite pour la vie de Cour. Une vie simple, retirée du monde, oublieuse de tout protocole, remplie des devoirs austères qu'elle accomplissait autrefois avant tant de plaisirs... voilà ce pourquoi elle aspirait profondément.

Mais, grâce à Dieu, elle n'était pas tombée dans le nid de vipères sournoises que son père lui avait dépeint. Dame Blanche était si aimable ! A moins que ce ne fut l'effet d'un manque d'assurance, c'était peut-être juste qu'elle possédait de la douceur et de la tempérance : qualités qui avaient fait défaut à l'ancienne reine.

La jeune comtesse se leva, se tournant vers Blanche avec un sourire paisible, avenant.

-"A tout de suite donc ?"

Ainsi soit il !

La reyne irait donc attendre la comtesse aux portes du château, pendant que cette dernière achèverait son entretien avec l'évêque Maelrhys ...

Le bon père se redressa, difficilement, puis salua chaleureusement la souveraine :

Majesté ...

Soyez remerciée pour votre bonté et votre auguste bienveillance .

Je suis heureux d'avoir put m'entretenir avec votre personne !

Et le prélat était sincère : dame Blanche était véritablement charmante et pleine de bonne volonté, et de bon sens ...

Maelrhys resta, donc, debout, attendant que la reyne se retire et que dame Isabelle lui adresse, de nouveau, la parole .

Ce drôle de prêtre était certes un bon vivant, mais savait parfaitement se tenir en société, tudieu ! :p

La reine eut un sourire, elle aurait beau convaincre le roi, jamais il ne la laisserait sans garde.

Je vous y attendrai, Dame Isabelle.

Après ses frasques, la reine s'était promise d'en faire le moins possible, mais Le bon vieux prélat, eut don de remettre un peu les chose en bon ordre chez elle.

C'est moi qui fut ravie de m'entretenir avec vous.

Elle inclina légèrement la tête et sortit en souriant.

Isabelle de Mannach octroya un doux sourire (dénué de toute séduction!) au vieux prélat, empreint de respect. Elle prit le temps de se rasseoir, puis fixa à nouveau son clair regard sur Maelrhys.

Puis elle entama à nouveau la conversation d'une voix ferme mais un peu timide, tandis que sa main gantée lissait machinalement les plis soyeux de sa robe aux reflets soyeux et sombres.

-"Monseigneur Maelrhys, j'ai grand besoin de vos conseils avisés. Est-ce vrai... que la Cour fait perdre l'âme ? Que les démons contenus dans le corps d'une femme... soient réveillés par... par... les obligations du monde ? Mes servantes me racontent tant de choses.. choquantes. Mes actes même... enfin... me promettez-vous que mes paroles resteront ici dans le secret, entre Dieu, vous et moi ?"

La belle enfant paraissait soudain déboussolée et perdue, prise d'une grande inquiétude. Étais-ce son cœur qui faisait tout ce bruit ? Qui battait si fort, qu'il allait sans doute se briser, là, dans sa poitrine ! Les remords, la culpabilité se pressaient dans son âme tendre. Elle avait déjà tant calculé, tant proposé... Cette chaleur, cette exaltation lorsqu'elle parlait politique et s'y intéressait, c'était le diable, sans doute, qui la guidait ! Qui lui faisait apprécié la vie profane qu'elle n'avait jamais voulu...

Pure, trop pure, elle n'était pas armée pour cette vie. Elle n'était armée mais elle allait de son chemin, pour qui ? Pour Père ! Pour le Comté ! Parce qu'elle appréciait et s'était prise d'affection pour la merveilleuse Gwenaelle. Mais qui était-elle pour lui donner des leçons, elle qui devenait, petit à petit, une des vipères de la Cour ?

Il fallait qu'elle parle au prélat. Il lui fallait tout confesser...

L'évêque salua la souveraine d'un dernier signe de tête, tout sourire, puis se réinstalla, pour ensuite reporter toute son attention sur dame Isabelle et ... Son petit discours assez étrange, la pauvre enfant semblait affolée par on ne savait quels maux intérieurs . Il s'agissait d'en savoir plus, surtout que la comtesse souhaitait véritablement se confesser, sa courte déclaration était une sorte d'appel de détresse ...

Maelrhys esquissa un doux sourire, comme pour l'apaiser .

Mon enfant ...

Gardez vous de toutes superstitions, elles sont le contraire de notre foi !

Tant que votre âme reste pure de toute noirceur, elle ne peut être corrompue .

Que doit donc inquiéter autant une jeune femme aussi pieuse et bienveillante que vous, chère comtesse ?

Parlez sans crainte, rien ne sera, évidemment, divulgué .

Le bon prêtre lissa alors sa courte barbe, s'enfonça un peu plus dans son siège et ... Posa un regard aussi soucieux qu'attentif sur son interlocutrice .

Isabelle de Mannach inspira, puis expira calmement.

-"Voyez-vous, Monseigneur Maelrhys, il a été convenu que la Princesse Gwenaelle serait, à l'occasion de ce mariage, ma demoiselle d'honneur. Cela sera son entrée dans le Monde... Et par la suite... j'ai proposé à sa grand-mère de l'aidera en faire une vraie demoiselle. J'ai bien peur de "détruire" ce qu'elle est. J'ai fait cette proposition par ambition, et non par amour pour cette enfant. Même si la question ne se pose pas. J'ai passé des moments délicieux avec elle... Et j'éprouve une réelle tendresse pour la Princesse. Mais ... Mais... Je pense que le Diable guette chacun des pas que j'accomplis pour Père. Comprenez-vous ? Une enfant innocente ne devrait pas être la cible d'une vulgaire ambition politique."

La comtesse regarda anxieusement le prélat, son front pur barré d'un pli soucieux.

-"Pensez-vous que ceci est mal de ma part ? Devrais-je faire arrêter la couture de sa robe ?"

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