Promenade en solitaire [PV Marth]

"Ne vous demandez vous pas parfois quelle tournure aurait pris votre vie si un évènement avait été différent?"

Voilà une question bien fatidique et délicate, à laquelle Niniane s'était attendue et dont, bien évidemment, la réponse n'était pas bien facile.

<< Mon cher, si vous saviez ... Je ne passe pas une minute sans me poser cette question ! >>, dit Niniane dans un soupire.

Et c'était vrai. Niniane ne passait pas une seule seconde sans se demander ce qu'aurait été sa vie si elle n'avait pas choisi la voie de la déesse.

<< On ne peut, malheureusement, pas changer le passé ! >>, dit-elle dans un soupire.

Elle aussi l'avait tant espéré. Mais, les choses étaient ainsi : indéniables, inchangeables.

<< Mais on peut aisément, envisager l'avenir ! >>

Et c'est ce qu'elle espérait de tout coeur, chaque jour, depuis sa rencontre avec le conseiller dont elle s'était éprise. Un avenir calme et sans embûche avec peut-être, l'enfant qu'elle avait vu en rêve.

Et c'était vrai ... Que demander de plus ?

<< Si tous les hommes étaient comme vous Sire Marth, le monde n'en serait que plus soulagé ! >>

Puis, elle remarque l'air songeur que prit soudainement le souverain d'Austrasie.

<< Vous semblez parti vers un autre monde ! >>

Ca elle le remarqua à son air soudain perdu dans un autre monde, celui des songes et du bonheur. Monde qu'elle ne connaissait que trop bien.

La grande prêtresse se mit à rougir quant au compliment que lui fit le roy Austrasien. Elle, une grande prêtresse d'Avalon, il la mettait sur le même pied d'égalité que l'homme. Décidément, ce qu'on disait de Marth n'était que piètres mensonges. Ou alors, masquait-il bien son jeu !

Puis, lorsqu'il lui confia être, bien effectivement, parti pour le pays du songe, en pensant à l'enfant que portait Morgause et en ajoutant se demander si elle portait fils ou fille, Niniane le regarda l'air enjoué :

<< N'avez-vous point une préférence sire ? Ou alors préférez-vous laisser faire la nature ? >>

Car, elle-même savait d'avance que l'enfant qu'elle porterait un jour, du moins le premier, serait une fille. Comme toutes ses aînées.

<< Le Roy rêve d'un héritier naturellement, car l'Austrasie a besoin d'héritiers. Mais honnêtement, je préférerais avoir une fille qui ressemble à sa mère, qu'un fils qui me ressemble. Je ne sais pas pourquoi mais c'est ainsi. >>

Niniane était touchée de l'admiration que Marth portait à sa femme. Il s'agissait bien là d'un homme amoureux. Le "coureur de jupons" avait déserté et, c'était tant mieux, osa penser la jeune prêtresse. Elle ne souhaitait nullement devoir servir de nouveau de pion dans les mains du Roy pour dénouer quelque liaison secrète. Et puis, percevoir tant de bonheur dans les yeux de ce futur père faisait plaisir à voir.

<< Peut-être est-ce parce que vous vouez déjà à la mère de vos futurs enfants, un culte digne d'une déesse. >>, répondit Niniane en souriant.

Lorsqu'il évoqua ses enfants illégitimes, Niniane ne le jugea point.

<< Les aimez-vous au moins, ces enfants "illégitimes" ? >>

Du ton enjoué, la voix de Marth passa d'un seul coup à la tristesse lorsque Niniane lui avait demandé s'il éprouvait de l'amour pour ses premiers enfants. Comment avait-elle pû en douter ? Tous les pères ne sont pas que de simples géniteurs. Et la sincérité dans le ton du Roy d'Austrasie montrait bien que l'amour paternel était possible.

D'ailleurs, pourquoi s'était-elle inquiété du sort des enfants de Marth ? Peut-être, dans le fond, avait-elle quelques craintes quant à son avenir avec le conseiller du Roy d'Orcanie. Ils n'étaient pas encore mariés ... La situation était bien trop délicate pour le moment ...

<< Même loin, je suis sûre que Dame Erwana pense encore à vous. Du moins pour vos enfants. On n'oublie pas un premier amour ! >>

L'amour est un sentiment bien compliqué ....

C'est la première impression qui vint à l'esprit de Niniane, en écoutant les confidences du souverain austrasien. Son ton soucieux et soudainement grave fût suivi d'une question délicate :

<< Comment puis-je aimer à la folie mon épouse et encore ressentir quelque chose pour mon ancienne maîtresse ?
Auriez vous un semblant de réponse de par votre sagesse? >>

La grande prêtresse passa une main dans sa chevelure et prit une mèche entre ses doigts, signe qu'elle plongeait en réflexion.

Enfin, prenant une grande inspiration et regardant Marth droit dans les yeux, elle lui répondit :

<< L'amour que l'on éprouve pour une personne, puis pour une autre, n'est jamais le même. Aussi, même si on délaisse une première personne pour une autre, il se peut que les sentiments que l'on éprouvait alors, ne soient pas entièrement éteints. >>

La demande qui succéda dans leur discussion perturba la prêtresse.

<< Mais dites moi, l'avez vous déjà vécu? Je veux dire, ces sentiments que l'on peux éprouver pour une personne que l'on a quitté... Ou qui nous a quitté... >>

A vrai dire, l'amour, elle l'avait peu connu jusque là. Dès son plus jeune âge, elle n'avait connu que la déesse et les prêtresses qu'elle cottoyait. Le seul homme qu'elle eût connu entre temps, jusqu'à Talbot, était celui qui avait achevé son initiation. Elle ne l'avait donc point aimé. Elle ne l'avait, d'ailleurs, point connu.

<< Je n'ai malheureusement pas eu beaucoup d'occasions de connaitre l'amour, sire Marth, répondit-elle dans un léger sourire. Le seul être que j'ai appris à aimé est la déesse que je sers. >>

Puis, elle réfléchit longuement à ce qui allait suivre. Elle restait toujours prudente.

<< Mais, j'éprouve des sentiments pour un être, dont j'ai peur chaque jour qu'il me soit arraché ! >>

[Hj: manque d'inspi, on met sur pose?]

[H.J : d'accord]

HJ : Ninouche a dit :


<< Si tous les hommes étaient comme vous Sire Marth, le monde n'en serait que plus soulagé ! >>

Un Marth vaut mieux qu'un Mordred (mais l'idéal se serait des Nathan)

hj : Y a rien de pire que les satyres !

Et Niniane partait en monologue … Il était donc, décidément bien aisé de ce confier au Roy d’Austrasie. Elle lui parlait de tout, il se confiait à elle en retour. A vrai dire, la discrétion de la jeune femme était telle qu’elle ne laissait même pas la déesse lire ses pensées les plus intimes.

Elle parlait et parlait encore, se servant de ses mains comme de marionnettes pour illustrer ses gestes. Cependant, son bavardage ne l’empêcha pas de maintenir sa vigilance aux aguêts. Elle était sur un territoire inconnu après tout. Et, ses sens fûrent justement mis en alerte lorsqu’elle décela, au loin, une silhouette fine et pour le moment peu détectable. Puis, cette silhouette s’arrêta à hauteur d’un des grands chênes qui bordaient la route.

En alerte, elle avisa Marth :

« Il semblerait que nous ne soyons plus seuls ! »

Le cheval de Niniane qui, lui aussi, avait senti cette nouvelle présence parti de lui-même à la rencontre de l’ombre qui bordait le chemin.

Niniane avait suivi le Roy, parti à la suite de sa monture. Posant une main chaleureuse sur l'encolure du cheval, elle leva le menton pour voir vers quoi ... ou plutôt vers qui, le Roy Austrasien s'était penché.

Et c'est une petite fille, à peine haute comme trois pommes, qui se dévoila au regard de la jeune prêtresse. A voir comment Marth la consolait, elle ne devait pas lui être inconnue. Et les quelques mots qu'il prononça à l'égard de l'enfant, confirmèrent sa pensée. Cette enfant, ne pouvait être que sa fille.

Ce faisant, la jeune femme se tint en retrait. Loin d'elle l'idée d'entrer dans ce moment si intime. Bien qu'elle restait tout de même sur ses gardes.