Appartement royal *(Entretien entre le Roi et la Reine)*

La pâle souveraine de Warminster précéda son époux, dans leur appartement commun. Elle était livide, tremblante et tenait encore sa joue entre ses mains. La giffle l'avait certe blessé... son orgueuil, d'avantages que toute autre chose.
Elle avait tenté de sauver son bel écossais et n'était probablement parvenu qu'à l'empirer. Ophélia s'en voulait... lui en voulait. Elle avait cru qu'il la protégerait. Elle l'avait cru tout puissant... peut-être, non... elle l'avait surestimé.
Elle s'était surestimée...


Ophélia congédia les quelques suivantes qui étaient demeurer à l'attendre... La servante qui l'avait avertie de la présence de Vohan entre ses murs avait depuis longtemps déserté la pièce. Elle la comprenait... elle-même aurait fait preuve de cette lâche discretion.

La reine se retourna brusquement pour faire face à son tyranique seigneur.
Des larmes amères débordaient de ses yeux, aussi vert qu'une mer peu profonde. Sa main glissa lentement vers son ventre gonflé, habité d'une germe issue d'un moment de passion. Elle observait son époux, sans dire un mot, s'attendant au pire.
Non... Mordred ne ferait rien de plus. Il ne l'attaquerait pas. Il ne porterait plus la main sur elle... Car elle portait son héritier en son ventre (du moins, la félone espèrait qu'il croit que cet enfant était bien le sien).`

Mordred referma brutalement les portes des appartements après avoir toisé les suivantes d'Ophélia d'un oeil noir ...
Ensuite il s'avança, menaçant, les traits tirés et le regard mauvais vers la Reine ...
Il la considéra un moment, semblant hésiter sur la conduite à tenir ...
Le Roi commença néanmoins :

- Je suis navré de vous avoir frappé ! ...
Mais votre conduite est inqualifiable !
Vous êtes fautive, vous n'avez rien a exiger ! ...
Vous devrez au contraire vous expliquez ! ...

Le jeune souverain scruta avec insistance sa femme pour être sur que celle ci avait bien compris et poursuivit :

- Je suis votre époux et votre Roi, vous me devez respect et obéissance ! ...
En tant que Reine vous avez également des obligations à ce titre ! ...
Surtout depuis que vous portez mon héritier ...
Comme moi vous ne pouvez faire abstraction de la réalité ! ...

Vous n'avez point le choix ! ...
Votre destin est ici et nulle part ailleurs !

Quant au sort de messire Vohan ...
J' y réfléchirai ...
Pour l'instant ...

Mordred regarda Ophélia sans ciller et avec intensité ...

- Je veux tout savoir !
Tout !! ...
Entendez vous ?! ...

La nature de votre ... relation avec ce ... félon !
Votre explication concernant cette ... dérive ! ...
Le pourquoi d'une telle folie !! ...


Le regard du Roi se radoucit et devint presque plaintif ...

- Je vous ai aimé et vous aime encore ! ...
Je vous ai chérit, déposer une couronne sur votre front, et offert un enfant ! ...

Que vouliez vous de plus ?! ...


Les traits de Mordred se crispèrent de nouveau et il éclata :

- Et voilà votre paiement !
Ma récompense et mon châtiment !! ...

La trahison et l'humiliation ...
Avant l'abandon et la souffrance ?! ...

C'est cela ? ...


Soudain, le Roi, qui essayait péniblement de ce calmer, et alors que son corps était parcouru de tremblements nerveux, que sa voix se cassait peu à peu, repensa à un point précis ...
La demande, les conditions de la Reine ...
Même si cela lui était insuportable, il devait savoir et comprendre ...

- Mais si vous avez prit autant de risque en me défiant et afin de sauver le picte, cela signifie que ... vous tenez encore à lui ? ...
Et puisque vous dites, même implicitement, vous RESIGNIEZ à demeurer à mes côtés, c'est que vous vivez cela comme ... un supplice ?! ...

Pourquoi ? ...

Malgré l'évidence de certains faits, Mordred ne comprenait vraiment pas ...
Il aimait mal, mais ne le savait point et en souffrait, et faisait souffrir à cause de cela ...

- Vous ne pouvez aimer qu'un seul homme ... et cet homme c'est moi !!
Votre époux, votre souverain et ... le père de votre enfant à naitre ...

Mon héritier ! ...

Pour l'instant, Mordred ne doutait point de cette "vérité" ...

Son corps tremblait, tant par l’émotion suscité par les dernières scènes desquelles elle était l’actrice principale que de peur devant son époux. Elle le haïssait et le craignait, tout à la fois. Ses suivantes congédiées ne lui seraient d’aucune aide… et les hommes d’armes du roi qui gardaient la porte ne lui porteraient pas secours s’il plaisait à son époux de lever la main sur elle.
Ophélia n’avait d’autres choix que lui relater ses aventures avec le seigneur Mckeith, de lui exprimer la force des sentiments qui l’unissaient à cet homme qui l’avait fidèlement servit, que l’enfant qu’elle portait n’était pas un héritier de la couronne… Elle aurait pu débiter une série de mensonges : Pourquoi ne pas dire que Vohan l’avait charmé à l’aide d’un sortilège? D’un autre côté, Mordred n’était pas complètement dupe. Ce qu’il ne saurait pas ne lui ferait pas de mal… De plus, Ophélia était une femme fidèle à ses sentiments. Jamais elle ne trahirait l’homme qu’elle aimait véritablement.
La reine ne parvenait pas à trouver une issue de secours. Elle était affolée, comme le serait une souris entre les griffes acérées d’un chat. Elle se débattait furieusement pour sauver sa vie et celle de son enfant et ne parvenait donc pas à réfléchir. L’unique issue qu’elle entrevoyait était de mentir… en révélant à Mordred une petite parcelle de vérité.
Ophélia recula de quelques pas, tandis que Mordred se rapprochait d’elle… Non, il lui serait impossible de lui mentir.
Ses cuisses heurtèrent le bois du bureau, stoppant sa fuite. Ses mains fouillèrent rapidement la surface lisse du bureau, percutant une pile de feuilles de parchemins qui tombèrent sur le sol. La distance qui la séparait des autres objets, pour la plupart inutiles, était trop grande pour qu’elle puisse la franchir.
Elle sentait l’haleine fétide du félin, avide de croquer dans sa chair fraîche…

- Monseigneur… de grâce! Mon âme est liée à la vôtre, devant Dieu! Mon corps vous appartient de plein droit et jamais ne sera offert à un autre homme, ainsi l’ai-je promis devant l’autel… Ma vie repose entre vos mains, je vous appartiens depuis ce jour où je me suis établi sur vos terres… Et vous m’avez dérobé, jadis, mon cœur… lors d’un instant de folie passagère, à Camelot. Vous l’avez perdu, ne sachant pas l’entretenir convenablement! Et maintenant, vous me reprochez d’avoir faillit devant votre sujet… Il m’a offert quelques trop courts instants de bonheur, entre ses bras, il est vrai. Mais je n’ai jamais cessé de vous appartenir! Il m’était impossible de m’offrir toute entière à lui! Et c’est ce que nous regrettions… Je suis allé le rencontrer un soir où vous brillez par votre absence afin de lui annoncer que ma place était à vos côtés, pour régner sur notre pays. Mais nous avons été interrompues… J’ai tenté une deuxième, mais vaine tentative! Ah! Mais Sire Mckeith est arrivé à point dans nos appartements… et m’a contrainte à le suivre, ce que j’ai fait.
Vous connaissez la suite de l’histoire… Je ne puis vivre sans lui, sans me rappeler la douce sensation du vent printanier caressant nos deux corps unis, se mouvant une ultime fois après un dernier soupire de jouissance. C’est pourquoi je désirais le savoir vivant plutôt que pendu au bout d’une corde dans une grimace terrifiante… exposée à la vue et aux moqueries des gens qui ne connaissaient pas la force des sentiments qui nous unissaient!
Cependant, Sire, je vous appartiens. Je suis votre sujet, votre femme… votre putain! Faites comme bon vous sembleras! Rejetez-moi, comme vous l’eut fait avec votre cousine, Dame Élizabeth et prenez pour épouse une demoiselle naïve! Qu’importe! Elle se rendra bien compte, elle aussi… un jour… que vous n’êtes qu’un tyran, un égocentrique et un menteur assoiffé de sang, de gloire et de pouvoir!

Sur ce, Ophélia repoussa brusquement le corps de son roi, qui se trouvait à quelques centimètres du sien et se dirigea en courant en direction de leur chambre.
Elle avait gagné, pendant un bref instant, un regain de confiance et de colère. Mais celle-ci se dissipait peu à peu. L’adrénaline retombait, laissant la jeune mère tremblante et brûlante de fièvre…
L’Émeraude sentit ses jambes soudainement molles sous son poids. Le monde autour d’elle semblait vaciller, tandis que sa vue s’embrouillait. La reine était prise d’une grande faiblesse…
Des bruits de pas lui annoncèrent l’arrivé d’un inopportun, mais il était trop tard. Avant que la reine ne puisse se retourner, elle s’effondrait sur le sol, près du lit.

Mordred fût à la fois heureux mais aussi un peu vexé par l'attitude craintive de la Reine ...
Cela voulait dire qu'elle avait peur de lui,( et le Roi aimait à engendrer la frayeur chez autrui ), mais également ... qu'Ophélia ne devais plus guère avoir d'éstime pour celui qu'elle devait maudire à présent ...
La tentative pathétique de la jeune femme de saisir un quelconque objet de défense fît naitre un bien mauvais sourire sur les lèvres du démon ...
Puis vint la longue tirade de la Reine ...
Mordred ne sut ce qui l'irrita ou le dégouta le plus dans cette déclaration : le renvoie sur lui seul de la responsabilité du problème conjugal ( tactique classique et éculée de tous les amants de l'histoire : " tu m'as forcé à aller voir ailleurs" ...), l'aveu des étreintes de l'adultérine avec son amant, et surtout la confirmation des sentiments forts unissant les deux êtres, les qualificatifs peu amèn assénés ou bien ... les détails que la Reine continuait sans doute à lui cacher ...
Pendant l'exposé d'Ophélia, Mordred ne dit môt et se contenta de l'observer, les yeux révulsés, une moue de mépris sur les lèvres ...
Le Roi écouta donc en silence, blème, les dires de son épouse infidèle : les traits de son visage se déformant peu à peu jusqu'a ne plus former qu'un masque terrifiant ...
Si Ophélia n'avait point été enceinte, Mordred l'aurait sans doute étranglée sans ciller ... de même que si il avait sut que cet enfant n'était pas de lui ...
Lorsque la Reine s'interrompit et toisa son époux avec un air de défi, Mordred s'emporta et tira à moitié son épée ...
Il considéra ainsi Ophélia pendant un court instant, la rage au coeur, et aboya :

- Maudite diablesse !! ...
Tu es possédée par le malin ! ...
Je ... je devrais te ...



La Reine n'entendit pas les derniers mots et se rua vers la chambre royale ...
Le Roi la rattrappa bien vite et constata que celle ci s'était évanouit ...
Il observa le corps inanimé de longues minutes, déchiré entre la haine et la douleur, puis héla un page ...
Celui ci apparut aussitôt et le jeune souverain lui donna ses directives :

- La Reine vient d'avoir un malaise, va quérir un de tes camarades et ensemble lavez la, puis couchez la ! ...
En chemin amène la première suivante de mon épouse avec toi, dame Aylla, j'ai a lui parler ...
Allez ...

Le page s'en fût et Mordred considéra de nouveau Ophélia, les yeux exorbités, tant de colère, que de chagrin ...
Puis ses mains parcourant machinalement son cou, le Roi toucha des doigts le collier offert par ophélia ...
Après un bref instant de flottement, Mordred tira rageusement sur le fin pendentif et le projetta à l'autre bout de la pièce ...

Lorsque le page vint prévenir Mordred, celui ci fît signe au serviteur et à son camarade de rentrer dans les appartements, afin qu'ils puissent aller s'occuper de la Reine et s'avança vers Aylla ...
Le Roi déclara, sans transition :

- Plus que jamais sa majesté la Reine a besoin de vous ! ...
Je connais votre fidélité et votre dévouement et je vous fais amplement confiance ! ...

Après avoir toisé la suivante de toute sa hauteur, Mordred porta son regard sur une des nombreuses armures peuplant les couloirs du château et poursuivit :

- Vous le savez, la Reine Ophélia supporte fort mal sa grossèsse et ses malaises sont désormais quotidiens ...
Sans parler de ses ... troubles qui ne vont qu'en s'intensifiant ...
Aussi ...
J'ai décidé d'éloigner sa majesté hors des murs du château afin qu'elle puisse trouver calme et sérénité dans l'un des couvents du royaume ! ...
Ceci jusqu'au jour de la naissance de l'enfant ...
Les gens du couvent veilleront sur elle et lui prodigueront tous les soins nécessaire ...

Le Roi fixa de nouveau dame Aylla :

- Je vous charge d'annoncer ma décision à la Reine et ce sera à elle seule de décider si elle vous conserve à son service durant la durée de cette absence ...
Dites lui bien que je j'irais la visiter avant son départ ! ...

Bien entendu je compte sur votre discrétion ...
Si vous n'avez rien à me demander, je vous laisse rejoindre votre maîtresse ...

Tandis que Mordred interrogeait la jeune suivante du regard, deux gardes apparurent, prélude au départ du Roi pour la salle du trône ...

Aylla aprés s'être inclinée avec le respect qu'elle devait à son souverain écouta attentivement les paroles royales. Et elle ne s'était pas attendue à cela. Elle avait eu peur un instant que la reine aie perdu l'enfant ou pire...D'une certaine façon apprendre que le roi souhaitait apporter les meilleurs soins à la reine la soulageait. Cela montrait une fois de plus leur attachement commun. Aylla comprenait que les Soeurs apporteraient les meilleurs soins possibles. Elle s'inclina de nouveau
- Il en sera fait selon vos ordres Sire

Aylla comprit bien que le roi ne souhaitait pas lui accorder trop de temps. Ses devoirs l'appelant ailleurs. La porésence des gardes ne faisant qu'appuyer ce fait. Pourtant, la Reine faisait elle aussi parti de devoir de Roi et de mari de son interlocuteur et Aylla avait encore quelques précsions à apporter...et à demander
- Votre Majesté, comme vous le savez la Reine n'est pas dérangée. Ses actes ne sont ni plus ni moins que les conséquences du désoeuvrement qui lui a été imposé combinée à sa jeunesse.

Aylla réfléchit. Le roi était pressé elle en avait conscience et ne voulait as l'indisposer.
- Votre Majesté, puis je savoir avec certitude si la Reine reviendra aprés son accouchement ?

Elle rougit trés génee
- Pardonnez moi de cette demande mais...son seul but est de ménager au mieux ma maîtresse ...si vous avez pour projet de l'éloigner défintivement, annoncé de maniére brusque et du jour lendemain, cela pourrait être fatal pour sa santé...

Aylla à cet instant devait resembler à une pastéque...rouge

Mordred fronça les sourcils ...
Mi étonné, mi irrité ...
Cette suivante était audacieuse, à la frontière de l'irrespect ou ... de l'inconscience ...
Mettait elle la parôle du souverain en doute ? ...
Ou même le bien fondé de sa démarche ? ...
En outre ... de quoi se mélait elle ? ...
Au regard de l'émoi de la jeune femme, le Roi prit cela pour de la franchise et de la maladresse ...
Bien sur il ignora souverainement les avis de Aylla mais prit la peine de la rassurer à propos du sort de la Reine :

- Quelle curieuse demande ...
Bien entendu que notre Reine sera de retour après la naissance de notre enfant ...
Du moins ... Dès que son état le permettra et lorsque je le jugerais ... opportun ! ...

Mordred ponctua sa réponse d'un magnifique sourire, mais son regard était on ne peu plus ferme ...
Puis il conclua :

- Maintenant retournez aux côtés de la Reine ! ...
Celle ci va avoir grand besoin de vous ...
Ne me decevez point ! ...

Petit avertissement sans frais : le souverain orcanien aimait la docilité et le manque d'initiative ^^ chez les membres du personnel ...
Sur ce le Roi s'en fût, suivis des deux soldats de sa garde personnelle, des géants, des brutes aux visages patibulaires ...

Ah le maginifque sourire de l'angélique Mordred! Aylla manqua en perdre la raison...non peut être pas en fait...enfin allez savoir. Si le souverain aimait la docilité et le manque d'initiative eh bien il en avait tout à fait le droit. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Ce n'est pas Aylla qui se serait permise de dire, ni même de penser le contraire. Cette philosphie étant établie, personne ne pourrait en vouloir à Aylla qui elle trouva son goût à s'incliner et à dire simplement

- Puisse l'opportunité vous sourire prestemment Votre Majesté. Vous pouvez compter sur mon entier dévouement.

La derniére phrase était sans aucun doute inutile. Car il allait de soit que le dévouement d'Aylla était acquis à son souverain. Aussi sur que chacun d'entre nous écrit noir sur blanc, quoique... Aylla n'eut pas le privillége d'assister à la sortie du roi. Aprés sa révérence elle se dépécha de se rendre au chevet de sa maîtresse. Pauvre petite reine! Elle paraissait si fragile dans son grand lit. Aylla lui prit la main et écouta son souffle. Régulier, comme apaisé. La crise avait du se terminer. Mais elle avait du être encore plus violente que les précédentes si Aylla en croyait le petit front en sueur de la reine. La rondeur et la forme du ventre de la souveraine montraient que l'enfant était toujours là. Aylla prit un linge mouillé et essuya délicatement le front de la jeune femme. Pour l'instant il fallait la laisser se reposer. Aylla veillerait. Elle eut tout de même un pincement au coeur en pensant qu'au réveil, c'est son mari que la reine appellerait pensant le trouver à ses cotés...Mais il ne serait surement pas là

Quelques dames de compagnie pénétrèrent dans les appartements des souverains. Imaginez quelle fut leur surprise d'épouvante lorsqu'elles virent leur douce souveraine allongée sur le lit royal, sans donner le moindre signe de vie! L'une d'elle se précipita à la fenêtre et écarta le rideau afin de laisser l'air pénétrer dans la pièce, sans grand succès puisqu'il s'agissait de l'une de ses horribles journées d'étouffante chaleur et d'humidité excessive.

Les paupières de la reine se soulevèrent, dévoilant son précieux regard d'émeraude. Ses lèvres remuèrent, sans qu'aucun son ne les franchissent. Elle les humecta à l'aide de sa langue couverte de salive, le regard vague et perdu. Elle ne semblait pas comprendre ce qui lui était arrivé...
La souveraine se redressa rapidement. La tête lui tourna.

- Messire Mordred?

La reine venait enfin de se réveiller. Son premier regard fut pour chercher son mari. Quoi de plus normal ? Aylla vit au regard de la souveraine et à son teint que celel ci était toujours faible. La preuve en fut faite, lorsqu'elle retomba sur son oreiller aprés s'être brusquement redressée. Aylla avait le coeur serré. La reine était trop faible. Il lui fallait absolument recouvrer la santé et la fortfier sans quoi ...Aylla réajusta l'oreiller de Dame Ophélia
- Tout va bien Votre Majesté, le roi vient juste de s'absenter

Il faisait une chaleur étouffante et les compagnes d'Aylla s'étaient précipitées pour ouvrir la fenêtre. Par ces températures cela n'aidait en rien bine au contraire. Mieux valait chercher un peu de fraîcheur dans les pierres du château. Mais Aylla n'alla pas fermer la fenêtre. Car même si il faisait chaud, le soleil innondait la chambre, donnant une impression de revivre. Elle prit un linge mouillé et le passa sur le délicat visage de sa maîtresse
- Comment vous sentez vous Votre Majesté ? Avez vous encore mal ou êtes vous juste un peu étourdie ?

Ophélia écarta le linge imbibé d'eau, bien que cela lui apporta de la fraîcheur en cette journée chaude et humide. Mais qu'on la tripote ainsi, alors qu'elle était déjà énervé.

- Où est Sa Majesté?, répétat'elle.

Aylla se retint de lever les yeux au ciel. Quand ce n'était pas l'un qui cherchait sa femme c'était l'autre aui cherchait son mari. Un jour ils finiraient bien par se trouver! Qu'est ce qu'elle y pouvait si ils n'étaient jamais en parfaite synchronisation ? Enfin bon si la reine se remttait à faire des caprices, c'est que de toute évidence elle était en meilleure forme. Et puis comment Aylla aurait pu savoir où était le roi ? Elle ne le suivait pas à la trace et n'était pas son garde du corps. Ce qui était heureux pour lui, car les muscles développés de la blonde Aylla n'auraient guére pu aider le roi.

- En salle du tône j'imagine. Je ne sais pas du tout...

Non seulement elle ne savait pas mais en plus cela ne la regardait pas. Evidemment elle cessa de s'occuper de la reine et alla s'accoder à la fenêtre

Pour une raison qu'elle n'aurait su exprimer, Ophélia sentit une vague de colère contre sa suivante l'envahir... et cela même malgré son innocence. Il lui fallait un coupable, qu'importe qu'il le soit ou non. Elle ne pouvait être fautive. Elle... si pure!

L'Émeraude de Warminster se rassied dans son lit avec la ferme intention de se lever, la haine lui brûlant les yeux. Mais un nouveau vertige l'en empêcha. La souveraine d'Orcanie se recoucha donc... laissant la chaleur et le remord l'abbatre. Comment une si douce personne, si prompte à défendre des causes tel que la non violence, la religion chrétienne et ses valeurs... une personne normalement si joviale, si magnanime, si lunatique, si peu empreinte de noire pouvaient ressentir un sentiment comme celui-ci, envers une personne qui ne recherche que son bien?

Une larme lui échappa... Elle ne se comprenait plus elle-même. Elle ne cessait de changer. À un moment, elle était heureuse... l'instant d'après, elle rageait et le suivant la rendait froide et hautaine.

De la colére. C'est ce que le mouvement de la reine exprimait. Même sans la regarder et toujours accoudée à la fenêtre Aylla l'avait entendu, ressenti. Et il faut bien avouer elle ne s'était pas attendue à autre chose. Au pire à être traîtée d'impertinente et châtiée. Ce qui n'aurait en rien apaisée la colére de la reine mais l'aurait exacerbée au contraire. Aylla ne lisait pas dans les pensées. Elle ignorait ce que la reine voulait vraiment. Tantôt gaie,tantôt triste, son humeur changeait au gré de ses envies. Une chose était évidente. La reine était instable et ne savait pas elle même ce qu'elle voulait. Et pourtant. Elle aurait pu en faire des choses Dame Ophélia, si seulement elle ne se considérait pas comme une victime. Elle pouvait être une reine éblouissante, qui saurait s'imposer. Seulement pour cela il fallait savoir s'oublier soit même et s'investir. Dame Ophélia n'en était pas encore capable. Trop jeune, pas suffisemment mûre. Et si Aylla avait été à sa place elle n'aurait sans doute pas mieux réagit. Il était facile de voir chez les autres mais tellement complexe de se comprendre soit même. Aylla voualit faire au mieux pour sa maîtresse, mais ne parvenant pas à savoir quels étaient ses désirs, la mission s'avérait impossible. Elle s'approcha de nouveau de la reine et s'assit prés d'elle. Une larme sur sa joue. Encore et toujours les larmes. Ignorant délibérément la colére larmoyante de la reine Aylla demanda doucement
- Alors Majseté, que faisons nous ?

Tout ce qu'elle espérait c'est que la reine ne lui dise pas "je veux mon mari", sinon c'est Aylla allait se mettre en colére. Et peu lui en importaients les conséquences

Enfin la carapace de la reine avait cédée. C'est vrai qu'Aylla s'était montrée un peu dure avec elle pour y parvenir et elle détestait en arriver là. Mais que se serait il passé si elle s'était applatie comme une carpette ? Rien de plus et elles en seraient toujours au même point. Maintenant au moins Aylla savait dans quelle direction aller. Elle se tromperait surement mais les choses étaient plus claires. Elle enserra un peu plus la petite reine dans ses bras. Avait elle compris qu'Aylla n'était pas contre elle ? Elle écouta attentivement chaque mot de la reine et les pesa avec soin.

- Je pense votre Majesté que vous êtes perdue et que ces façons différentes de réagir sont une maniére de vous protéger. Pourquoi n'êtes vous pas sure de vos sentiments ? Probablement parce que vous n'avez pas encore trouvé l'amour? Que ce soit auprés du roi ou de Messire Vohan. Bien que vous vous évertuez à penser et à vouloir le contraire. Vous vous retrouvez tantôt dans le caractére de l'un, tantôt dans celui de l'autre et vous éprouvez indéniablement de grande passions et fascination, pour les deux. Vous avez trahi ? Mais votre Majesté, sans vouloir dire que cela est bien et honnête, cela fait parti du jeu. Chacun sait ce qui peut arriver dans les relations. Qu'elles soient amoureuses ou professionnelles. Et quand cela arrive je pense qu'il faut en chercher les causes pour mieux avancer ensuite.

Elle regarda la reine
- Votre Majesté savez vous pourquoi vous avez trompé le roi avec un autre ? Savez vous pourquoi vous n'arrivez pas à vous imposer ? Savez vous pourquoi la reine mére ne vous apprécie pas ? Savez vous ce qui vous déplaît dans votre vie ? Savez vous pourquoi le roi a répudié la premiére reine ?

Aylla se rendit compte que cette fois elle allait vraiment trop loin. D'une part la reine ne pouvait pas encore répondre à toutes ces questions et d'autre part Aylla n'avait pas à lui parler de cette façon.

- Pardonnez moi Votre Majesté, je vais trop loin je m'en rends bien compte...vous n'avez pas à me répondre, je suis trop indiscréte. Mais si je puis me permettre une derniére suggestion : le roi m'a chargé de vous dire qu'il avait fait préparé la meilleure chambre possible dans le couvent. Il souhaite que vous puissiez tranquillement mettre votre enfant au monde. Il me semble...que Sa Majesté a senti que vous étiez quelque peu égarée et le couvent vous permettra de prendre du recule au calme et de trouver réponse à vos questions. Vous en reviendrez plus forte et plus sure de vous. Et ce n'est que temporaire. Qu'en pensez vous ?

Aylla hocha affirmativement la tête. Elle était à peu prés du même avis de la reine. Mais malgré tout elle pensait que le couvent lui permettrait de prendre la retraîte et la réflexion qui lui était nécessaire

- Ceci est trés possible Votre Majesté mais...en fait vous n'avez nul besoin du consentement du roi pour revenir vivre ici. D'une part vous êtes la reine et la maîtresse de ce château et ce pays. Vous êtes ici chez vous et pouvez y être quand bon vous semble. D'autre part, le fait de donner un héritier au royaume renforce le fait que vous êtes...indispensable. Le roi ne pourra pas vous empêcher de revenir quand bon vous semblera, il se mettrait trop de monde à dos...

- Et puis, il vous envoie dans un couvent ? Vous pouvez trés bien mettre cet éloignement à profit...lui désobéir en revanche vous descéditerait...Et vous avez le droit de choisir vous même le lieu de votre retraîte...si le couvent ne vous convient pas, vous pouvez trés bien aller ailleurs

- Très bien! Qu'il en soit ainsi! Je me résigne... J'irai loger dans ce couvent... J'irai reprendre mes esprits.
Mais avant tout... avant toute autre chose Aylla... J'ai besoin de vous... Une fois encore! Vous êtes ma seule amie... la seule en qui je puis avoir confiance. Vous me servez fidèlement et avec une dévotion hors du commun.
Une dernière chose... et j'acheterai votre silence à un prix très élevé...

Ophélia baissa le ton de sa voix, sans portant se défaire de cette résignation qui brillait dans son regard.


- Je retourne auprès de Vohan... Et je reviens. Veillez à ce que le roi n'apprenne rien de cela...

Aylla rougit violement lorsque la reine lui parla d'acheter son silence. Elle crut en mourir de honte. Aylla n'était pas une femme que l'on achetait. Elle n'avait besoin de rien et faisait les choses uniquement parce que sa coscience les lui dictait. Acheter son silence à prix fort ? Qu'est ce que cela signifiait ? Aylla n'était pas suffisament matérialiste et dénuée de sentiments pour tomber si bas. Un instant son regard, se remplit de peine. C'était donc cela que la reine pensait d'elle ? Mieux valait ne pas y penser...Aylla n'avait pas l'habitude de s'appitoyer sur son sort. Elle se ressaisit et activa ses méninges de blonde, méditant les derniéres paroles de la reine.

- Mon dévouement vous est acquis ma reine mais, malgré tout le respect que je vous porte, vous avez là une idée qui se retournera contre vous. Croyez vous vraiment que les paroles que vous venez de prononcer à l'instant n'ont pas été entendues ? Votre Majesté, même si moi je ne parle pas, d'autres le feront à ma place...

En effet, Aylla avait raison. Jusqu'ici, Nicolas s'était fait silencieux. Il n'y était pas depuis bien longtemps... Du moins, assez longtemps pour avoir entendu les dernières paroles de sa souveraine.

- Votre MajestéDame Aylla., salua l'évêque. Demeurez assise, Votre Grâce. Vous êtes éprouvé et nous n'en avons que pour un court instant. Un bref moment pour vous dissuader de poursuivre cette route brumeuse que vous vous obstinez à suivre...

Nicolas, vêtu de l'une de ses habituelles bures (aujourd'hui noire et salit), adressa un sourire amicalement religieux à la suivante d'Ophélia, comme s'il acceptait sa présence en ces lieux... tout en le remerciant du conseil qu'elle venait d'offrir à sa reine. En effet, il lui était recconnaissant d'apporter d'avantages d'impact à ses dires prochains.

- Majesté... Ne risquez pas votre vie, ni celle de votre enfant, pour cet homme. Nous venons, en ami, vous suppliez de ne point suivre les conseils que votre coeur vous ordonnes...

L'homme de Dieu s'agenouilla au pied de la jeune souveraine, prenant entre ses mains celles, pâles et délicates, de la belle. Ses traits n'exprimaient qu'une triste et véritable supplication.

- Nous vous en prions. De grâce, si vous ne parvenez pas à le faire pour vous... pensez à cet enfant innocent qui grandit en votre sein. Oubliez Messire Mckeith! Il n'en vaut guère la peine. Nous avons entendu sa confession. Une terrible confession, Ma Dame. Si terrible... Si horrible... Ce laird écossais est un félon! Un hérétique! Vous ne pouvez pas... Il ne... Il dit... Je ne puis, car je suis contrainct de conserver le silence... Mais n'y retournez pas... Je ne puis que vous avouez qu'il n'est pas amoureux de vous. C'est un écossais, un traître. Sa famille combat auprès de Béléagant... Vous êtes une cible si facile, une femme si belle et si fragile... Vous êtes encore une enfant.

Ophélia sursauta en entendant la voix de l'évêque l'interpellé par l'un de ses nombreux titres royaux. Depuis combien de temps l'observait-il? Qu'avait-il entendu de ses confidences? En ferait-il part au roi? Oui, sans aucun doute. Elle était perdue. Le représentant de Dieu se tenait devant elle, implacable, et allait la dissoudre en poussière. Mordred la rejetterait, elle serait mise à la rue, lapidée par ses sujets... Elle brûlerait en enfer.
L'horreur brillait dans son regard d'émeraude.

Mais l'évêque s'adressa à elle sur un ton qui dissuadait ses sombres visions de mort iminente.

''- Majesté... Ne risquez pas votre vie, ni celle de votre enfant, pour cet homme. Nous venons, en ami, vous suppliez de ne point suivre les conseils que votre coeur vous ordonnes...''

En ami? Se souciait-on à ce point d'elle? Lui portait-on autant de respect, d'amour et de respect, pour venir en ces lieux et lui demander de suivre la voie de la raison plutôt que celle qu'elle aurait aimer emprunter?
Elle était bien sotte d'espérer encore et Ophélia le savait. Mais elle ne pouvait s'empêcher... d'espérer... de croire qu'un jour peut-être... elle pourrait lui adresser un dernier adieu... ou être heureuse avec lui...


''Nous vous en prions. De grâce, si vous ne parvenez pas à le faire pour vous... pensez à cet enfant innocent qui grandit en votre sein.''

''L'enfant de Vohan'', pensa la reine, sans être véritablement sûre de ce qu'elle avançait.

''Une terrible confession, Ma Dame. Si terrible... Si horrible... Ce laird écossais est un félon! Un hérétique! Vous ne pouvez pas... Il ne... Il dit... Je ne puis, car je suis contrainct de conserver le silence... Mais n'y retournez pas... Je ne puis que vous avouez qu'il n'est pas amoureux de vous. C'est un écossais, un traître. Sa famille combat auprès de Béléagant... Vous êtes une cible si facile, une femme si belle et si fragile... Vous êtes encore une enfant. ''

Le coeur de la demoiselle cessa de battre pendant un bref moment. Non... Cela ne pouvait être possible.

- Non... Vohan m'aime. Il était là! Il me tenait entre ses bras... il le murmurait au creux de mon oreille. Il m'a promis... Il est venu me chercher... Il...

Ophélia se leva brusquement, se dirigeant vers la porte. Non, non et non! Il s'était servit d'elle pour excécuter les quatres volontés d'un homme qu'il disait mépriser. Elle s'arrêta... et hurla de toute ses forces. Mais cela ne la soulagea guère.
Une longue plainte s'échappa d'entre ses lèvres, alors qu'elle abbattait ses deux poingts contre la tapisserie qui recouvrait les murs de la chambre.
La rage lui brûlait le torax, la peine lui nouait la gorge.
Ophélia, se sentant impuissante, se laissa glisser jusqu'au sol. À genoux, elle se replia sur elle-même...
Ce ne pouvait être possible... et pourtant...

Aylla avait salué avec respect l'évéque qui s'était...incrusté. Elle crut rire. Comment pouvait il parler ainsi de l'amant de la reine. Dire qu'il s'était servi d'elle de cette façon ? Ce prêtre parlait d'amour ? Mais que connaissait il à l'amour que son Dieu définissait comme le plus grand pêché du monde ? A tel point que les prêtres eux même devaient demeurer chastes et ne jamais se marier ? Il savait parfaitement ce qu'il faisait et la réaction de la reine, c'est exactement celle qu'il avait attendu. La déstabiliser, la briser et démontrer qu'elle avait encore des sentiments pour son amant. La reine venait de lui donner ce qu'il voulait! Il s'en était prit à une femme fragile, sans défense et malade. C'état honteux, lamentable! Calmement elle regarda la reine recroquevillée sur elle même. Elle se serait bien précipiéte sur elle pour la relever et l'aider. Mais elle voyait que ce n'était pas le moment. La reine avait besoin de se défouler. Elle posa un regard déterminé sur l'évéque, gravant en sa mémoire ses traits et dit le plus sereinement du monde
- Je crois Monseigneur que votre message est passé. Dans sa grande bonté Dieux finira par nous faire entendre raison à tous. Et à travers vos paroles apaisantes et guérisseuses, je pense que la reine aura compris que c'est notre seigneur veineré qui parlait. Mais comme vous pouvez le constater, ma maîtresse doit immédiatement se reposer...

Pour appuyer ses propos Aylla se dirigea vers le lit de la reine, qu'elle arrangea au mieux afin qu'il soit prêt à la recevoir.

L'évêque fut déconcerté par la réaction de la reine. Il s'était attendu au refus de cette nouvelle, à une crise de larme... mais non pas à une réaction aussi... hystérique!
Il trouvait cela à la fois amusant... et peinant.

- Pardonnez-moi, Votre Majestée, d'être celui qui vous apportes une si mauvaise nouvelle... Je m'en voudrai longtemps. Pardonnez-moiSincèrement je ne... Je ne croyais pas que... Enfin......
Je vous remercies de votre hospitalité....
Je vous laisses...Merci à vous également, Aylla, ma fille...
Nous nous retrouverons donc à la messe... ce dimanche... aurevoir...

Et il s'en fut, le plus rapidement possible, dans son antre... là où devait l'attendre la Dame Élizabeth.