Appartements de la Reine des Orcades ... [ Gribskin]

Minara restait de plus en plus perplexe. Après avoir signé le traité, elle avait préféré se rendre dans ses appartements Lorsqu'elle referma la porte en claquant, elle remarqua son bien-aimé assis.

Gribskin était de huit ans son aîné, et pourtant, elle l'avait toujours aimé. Même jeune, elle y trouvait un coté charmeur et adorable.

Elle s'avança vers lui et sourit.

-Comment va notre future mère (Anna est enceinte de 4 mois)?

Minara vint prendre place sur les genoux de son amant et lui embrassa la joue.

Le titre de grand-père vous irait à ravir mon cher Erwan.

Elle aimait se retrouver dans ses bras, pour du réconfort. Mais surtout près de l'homme qu'elle avait toujours aimé.

L'officier orcadien, qui venait d'inspecter la poignée de soldats constituant l'escorte royale...

S'était ensuite dirigé résolument et avec fébrilité en direction des appartements de dame Minara...

Afin de lui faire le plaisir de sa présence en ces lieux...
Juste après les tractations de paix avec ces maudits saxons...la pauvre reyne devrait certainement être quelque peu...réconfortée.

Ce bon vieux Gribskin était donc confortablement installé, une coupe de vin chaud dans la main...

Lorsque la reyne entra, il tourna un regard bienveillant vers celle ci, et lui offrit le plus aimable des sourires.

-"Comment va notre future mère?"

Anna, évidemment, que le capitaine avait vu la veille...

Fort bien...
Elle est solide, tout comme vous!

Le geste tendre de Minara émut le farouche guerrier qu'était Erwan, et c'est tout sourire, un rire déjà disposé à partir, que celui ci répondit à sa demande :

Ah?!
Pourquoi cela?
Parlez vous de mes cheveux blanc ou de mes courbatures?

Sur ce, le vieux filou ricana gaiement.
Scrutant avec attention la réaction de la reyne...

Minara sourit. Il prenait son défi de père mieux que lorsqu'elle avait éloignée Anna.

Elle recherche beaucoup de votre attention depuis qu'elle sait qu'elle a un père.

La reine comprenait quelle souffrance il avait eut à cette époque. Et s'en rendait compte depuis peu , avec le pardon qu'il lui avait accordé.

Minara joua quelques minutes dans les cheveux de son amant et déclara le plus sérieusement du monde:

Vous n'êtes pas encore assez sage Erwan pour avoir les cheveux blancs, mais je vous vois très bien grand-père!

Pour moi , vous resterez toujours le jeune garçon d'Argus.

Elle caressa ses joues et l'embrassa sur le front. Si tout était à recommencer, elle l'épouserait... bien avant Aron.

Trop sage, ou agaçant pour certains, et...par trop fantasque pour d'autres!

Répondit aussitôt le capitaine...
Qui appréciait grandement les attentions de sa reyne, et dulcinée.

Dont les dernières paroles éveillèrent en lui comme un léger souffle de mélancolie, mais également une vague de tendresse...irrépressible.

Comme j'aimerais...revenir vingt années en arrière.
Et...faire en sorte que tout soit différent!
Pas uniquement pour moi...
Mais surtout pour vous!

Minara devinerait sans peine à quoi faisait allusion son bel ami.
Qui venait, une énième fois, de lui déclarer sa flamme...
Et sa totale dévotion.

La reine qui avait toujours aimé se sentir protéger par lui, l'embrassa sur le front, comme une mère le faisait.

On ne peut pas réparer les erreurs du passé, Erwan. Tu le sais tout comme moi. Pour Anna c'était mon erreur. Je sais que tu aurais pu t'en occuper Mais encore la, c'est le passé.

Maintenant, les Orcades ont besoin d'un homme qui saura gouverné jusqu'à ce que mon fils en soit capable.

Quand je t'ai offert de prendre le trône c'était pour me racheter de mes bêtises, mais j'ai besoin de toi. Besoin d'un bon stratège, d'un diplomate et d'un homme qui pourra au moins, m'aimer, même si je ne puis te donner d'autre héritier.

Minara avait pris un ton de supplication, pour que son tendre amant croit en sa bonne fois.

Il n'est jamais trop tard.

Non point les réparer, mais du moins rattraper le temps perdu, ou "volé"...

Telle fut la première réaction de Gribskin...porteuse d'espoir.
Avant que celui ci ne prête une attention accrue aux dires de la reyne, concernant la gouvernance du royaume...
Le capitaine fronça les sourcils, visiblement songeur, pour ensuite demander, afin d'être bien certain d'avoir saisis toute la portée de ces paroles...lourdes de sens.

Vous me demandez de co-diriger...les Orcades?
De régner, à vos côtés?
De quelle façon, précisément?

Le bon Erwan se trouvait quelque peu pris au dépourvus...
Et n'osait songer à ce que tout ceci pouvait induire.
Aussi...était il davantage nerveux qu'enthousiaste.
Même si servir la couronne et la dame de ses pensées...était, depuis toujours, pour lui, le plus grand des honneurs.

Minara regarda son amant de toujours dans les yeux. Son corps ne supporterait pas de porter un enfant de son amant, mais son amour, par contre...

Oui, je veux vous offrir la couronne des Orcades.
Je veux que vous preniez la place d'Aron. Dans mon coeur et aussi dans celui de notre peuple. Émérick est encore jeune pour régner. Il aura besoin d'un mentor.

Minara prit une pause se remémorant tous les actes que son défunt mari avait fait, pour la faire chanter. En passant par la mort de sa soeur,et plusieurs années plus tard, sa nièce, l'empoisonnement de sa fille Isabella et enfin la torture qu,il avait fait subir a son frère.

Je ne survivrai pas sans toi.

Devenir son époux, et donc, par voie de conséquence, le roy de fait du royaume, à ses côtés...
Voilà ce que lui proposait la dame Minara!
Autant par amour et reconnaissance, que pour des raisons plus politiques...et pragmatiques.

Gribskin aurait dut s'en douter, mais n'en était pas moins surpris, et honoré.Voir heureux...

Il réagit aux derniers propos de la reyne :

Vous avez survécut à Aron, Baléagant et aux saxons...
Vous n'avez besoin de personne pour cela!

Fit il remarquer, avec bonne humeur...
Avant de lancer vers sa bien aimée un regard chargé d'affection, et d'admiration.
Le capitaine ne pouvait qu'accepter cette auguste demande.

Ma très chère!
Évidemment, j'accepte.
De tout coeur, résolument et bien conscient, de tout ce que cela représente...
Pour vous et les Orcades, j'accepte sans aucune réticence!
Pour Emerick également...Que j'aiderai de mon mieux.

Erwan espérait que le fougueux prince le ménagerait quelque peu...
Même si, il va sans dire, se tenir aux côtés de son amour de jeunesse, (dans la légalité), l'enthousiasmait au plus haut point.

Votre majesté est véritablement trop bonne!

Conclu t-il, de nouveau un tantinet taquin.

La reine des Orcades regarda son ami avec une once de malice et l'embrassa sur la joue.

Si je survie à mon neveu, alors je serais vraiment un être surnaturel

Se moqua la reine en regardant son futur époux. Mais il y avait une part de vraie.

Minara n'était pas dépourvu de rêves prémonitoire ou de quelconque vision, lorsque les siens étaient en réel danger. Émérick serait mort, si elle n'avait pas pu envoyer Dunwyd a la recherche de son fils.

Minara ne put s'empêcher d'étreindre son ami

Je te laisserais choisir ton successeur. Notre peuple sera heureux de vous voir comme dirigeant.
Nous pourrons honorer la mémoire de nos pères, qui désiraient tous deux une union entre les deux familles.

Et c'est avec le coeur léger que la reine pourrait régner avec l'homme qu'elle aimait.

Point surnaturelle, mais bien exceptionnelle!
A mes yeux, en tout les cas.

Erwan aimait complimenter sa chère dulcinée...
Avec d'autant plus de ferveur que cela était hautement sincère.
Il devait même se contrôler pour ne pas paraître trop...passionné.

Gribskin tenta de rassurer la reyne :

Emerick régnera, un jour.
Je ne m'y opposerai jamais...
Et l'encouragerai plutôt dans ce sens.
Je puis vous l'assurez, et...vous le savez.

Il serait de sa responsabilité de former, de conseiller et de guider le jeune prince.
Il ferait donc son devoir et...honorait sa parole, envers Minara.
A qui il ne pouvait rien refuser...absolument rien.

La reine détacha son regard quelques minutes et alla remplir deux coupes de vin.

La trône appartient à Émérick, je sais, mais je parlais d'un évident successeur à ton poste Erwan. Celui de capitaine. Le poste ne peut rester vacant.

La reine vint reprendre place près de son très cher capitaine et lui tendit une coupe de vin. Elle leva sa coupe:

Au nouveau roi des Orcades et à notre amour.

Elle était enfin avec lui. Elle pouvait se permettre de monter son amour envers lui, bien que personne ne soit surpris.

Le brave Gribskin se faisait il décidément trop vieux?
Pour ne pas saisir les propos les plus évidents...
Il accepta la coupe de nectar que lui tendait Minara, avant de lui répondre, un peu confus.

Oui, évidemment...
Mais...
comme vous, je pense que le meilleur choix ne peut être que...le sergent MacGregan.
Malgré toute les réserves que je puisse avoir, à son sujet...

Son second était assurément bon soldat et valeureux...mais ferait il, pour autant, un officier exemplaire?
Pour l'heure, le futur roy chassa ces pensées négatives de son esprit...et trinqua, avec joie :

A notre union!
Ce qui m'importe encore plus que la couronne...

Même si le bon Erwan était un homme de devoir, et ce depuis toujours.

La reine s'était soulagée de voir Gribskin conclure dans son sens. Mais elle comprenait sa réserve.

Il a son lot de fautes, mais il a ses raisons. Aron s'était mis en tête de me faire souffrir. Maintenant qu'il ne pouvait plus faire mourir ma soeur, il s'en ai pris à mon jeune frère. Même vous qui connaissez mes pires secrets, vous ne savez pas celui-ci. Il l'a torturé, pour me faire avouer notre liaison. Désormais, il vit enfermé dans la pièce la plus sombre du château. Il ne l'a jamais tué, ma nièce par contre, il l'a fait.

Minara soupira. S'en prendre à sa famille était le seul moyen pour lui soutirer des aveux.

Mais la reine voulait se racheter.

Il fera un bon capitaine.

Les dieux t'ont préservés pour moi. Je les remercie.

Minara ne croyait pas en dieu, elle préférait garder ses dieux, qu,elle vénérait depuis jeune enfant.

Si j'ai fait une promesse a mon père sur son lit de mort, c'est bien d'unir nos deux maisons.

Elle lui tendit le petit coffre et soupira.

Il aurait aimé que tu sois mon premier époux. Ils te considéraient comme un bon chef. Il aurait aimé que le père d'Aron ne prenne jamais le pouvoir. La bague devait être remis au dirigeant de l'archipel. Il a toujours eu comme décision de ne jamais la remettre a Aron.

Elle tendait toujours que son futur époux prenne le boîtier refermant la bague d'or avec le dragon des Orcades. Jadis la légende voulait que le roi la porte, Pour Minara qui tenait à ses traditions, elle l'avait choisis avec amour.

Aussi troublé par les révélations de la reyne, qu'émut de ses autres propos...et ne sachant s'il devait se saisir de ce coffre...pour regarder son contenu...

Gribskin considéra, un instant, dame Minara, indécis...avant de tendre une main fébrile vers ce coffret si précieux, si important.

Il l'ouvrit avec une infinie précaution...et admira ensuite la bague, magnifique, étincelante, qui se nichait à l'intérieur...

Voilà qui avait de quoi impressionner même le plus hardi, et le plus brave d'entre tous.

Erwan referma doucement le coffret, avant de recroiser le bleu regard de sa souveraine...

Si vous me jugez digne non seulement de votre amour, mais également, de cette noble et grande fonction...
Alors, ainsi soit il!
Je m'en remet à votre jugement, et à votre bon sens.

Voilà qui était dit!
Bien sincèrement et sans aucune arrière pensée...
Ce n'était nullement le genre du personnage.

La reine était si lasse et seule Gribskin l’avait préservé de la mort. Elle se précipita vers son futur époux faisant attention aux vieilles blessures de son capitaine.

Mon bon sens est altéré depuis des années mon très cher capitaine.

Minara embrassa la joue de Gribskin et versa une larme.

Je m’en voulais tant que je crois que si tu avais refusé, je n’aurais pas cru pouvoir continuer.

Aron avait toujours pris les commandes de façon tyrannique, Minara en douceur, mais elle avait besoin de quelqu’un que tous les soldats respectaient, même les plus fous. Elle mit fin à ses paroles et embrassa passionnément son amant de toujours. Il y avait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas embrassés. Et ce, a cause d’elle.

Étonnant comme "la dame de fer" des Orcades pouvait s'avérer fragile et même vulnérable, par moment...
Une femme restait, en effet, une femme, même les reynes...y compris les plus déterminées!

Et Minara avait plus que démontré son courage et son abnégation, par le passé, et jusqu'à tout récemment...

Il embrassa celle qu'il chérissait...qu'il admirait tant.

Je suis heureux de me tenir à tes côtés!
Autant que l'on peut l'être...
Assurément.

Dit il, avant de déposer un léger baiser sur les douces mains de la reyne.

Minara regarda Gribskin dans les yeux.

Après ses doux baisers qui lui rappelait tous ses bons moments avec le capitaine, la reine soupira.

Incapable de se contenir, L'Orcadienne étreignit son amant de toujours et versa quelques larmes.

Oh Erwan, je ne me pardonnerais jamais

La reine était de toute évidence fatiguée. Mais les bras de son ami et futur roi la rendait plus forte.

Gribskin serra très fort son amie contre lui, et déposa quelques baisers dans son magnifique cou...
Lui aussi était très émut, et lui aussi...en avait les larmes aux yeux.
Si ses hommes le voyait! :p

Le fier capitaine plaqua sa joue contre celle, toute fraîche, de Minara, avant de lui susurrer, à l'oreille :

Moi, je te pardonne.
D'autant plus aisément que...
Je ne t'en ai jamais voulut!
Le Destin fut contre nous...mais plus maintenant.

Il alla jusqu'à lui embrasser cette fameuse oreille...

Plus maintenant...
Ma déesse!

Minara ne répondit pas. Il ne l'avait pas appelé ainsi depuis des années. Malgré ses larmes, la reine des Orcades trouva la force de sourire. Il ne changerait jamais.

Elle prit son visage entre ses doigts et le regarda dans les yeux.

Pourquoi ai-je attendu toute ces années pour être heureuse.

Elle colla son front contre le sien et l'embrassa doucement sur ses lèvres.

Je reprendrais chaque jour, l'amour que j'ai manqué pour toi.

Une raison de plus pour rester en vie selon elle.

Gribskin répondit au tendre baiser de son amie avec transport...avec tout son coeur, avant de rétorquer, très sérieusement :

Tu es avant tout une femme de devoir!
Voilà pourquoi je t'admire tant!
Et voilà pourquoi...je t'aime autant.

Voilà maintenant...le temps du bonheur, en effet...
Et je veux y contribuer!
Pour toujours!

Dit il, plus que sincère...
Pour ensuite l'embrasser, avec passion.

Avec tout ce changement, la reine reposa son corps dans les bras protecteurs de son garde du corps, et presque roi.

Elle l,écoutait parler. Sa voix la berçait. Elle ferma les yeux et préféra méditer sur ses paroles.

Il était tout ce temps sous mes yeux
Et maintenant, il me sourit.

La reine ferma les yeux. Le voyage avait été long. Elle sentit son futur époux la soulever et la déposer sur le lit, avant de le sentir l'embrasser et se rapprocher d'elle. La lumière s'éteignit et elle se colla contre lui.

Les deux amant étaient réunis pour toujours (?) ...

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