Chez Isabelle

La Comtesse de Blaye se présenta à la porte de l'antichambre de la demoiselle de Manach future Mme Kadoudal. Les deux femmes s'étaient données rendez vous afin de parler de la reconstruction de l'Austrasie entre autres. Et puis il y avait bien longtemps qu'elles n'avaient pu s'entretenir seules. Alicia informa de son arrivée et attendit que l'on veuille bien la recevoir. Elle s'assit sur le siège d'attente qui lui était présentée en pensant que depuis leur dernière entrevue bien de l'eau avait coulé sous les ponts. Il était de notoriété nationale que la douce Isabelle était une âme des plus nobles et dévouée. Mais Alicia se demandait tout de même ce qui avait poussé le père de la demoiselle à débloquer des fonds pour la reconstruction Austrasienne

Comme de bien entendu, la jeune Isabelle ne fit pas attendre Dame Alicia.

Car si elles avaient convenu d'un rendez-vous, il n'était point question d'imposer une quelconque humiliation en la faisant patienter comme une pauvresse qui se serait présentée chez elle.

La damoiselle avait tout prévu : la servante qui fit donc entrer promptement Alicia la guida vers un guéridon recouvert de douceurs - petits gâteaux, thé, cidre doux, tout semblait préparer avec un soin conférant à la minutie, dans une pièce relativement vaste et particulièrement claire.
Des tapisseries recouvraient les murs de paysages champêtres, aux couleurs pastels et tendre.
Sur un fauteuil confortable, dans un coin, près d'une harpe recouverte à demi d'un voile noir, se tenait assise, sévère et digne, la duègne, qui, sous couvert de broderie, surveillait l'entrevue.

Arborant une robe bleu sombre des plus élégantes, aux garnitures de dentelle aux poignets et au col, la plus jeune fille du comte de Mannach arborait une coiffe assortie, et paraissait rayonnante.
Souriante, pimpante, un rose délicat - et naturel - rougissait ses joues rondes en lui conférant un air éclatant de santé.

-"Dame Alicia... je suis vraiment ravie de vous revoir !"

Alicia qui n'aurait pas attendu bien longtemps de toutes façons. La providence ne s'était hélas pas penché sur son berceau pour lui offrir cette qualité qu'est la patience. Elle se leva et lissa sa robe de velours vert ornée de rubans de soie. Retenue dans par un anneau de métal doré, sa chevelure flamboyante était prise dans une résille de fils d'or. Sur l'invitation d'Isabelle elle s'avança dans un décor confortable et cossu. Souriante la Comtesse de Blaye tendit sa main à Isabelle

- J'en suis également heureuse Dame Isabelle! Il y avait longtemps n'est ce pas ? Vous êtes rayonnante et me semblez un peu...

Alicia s'empoupra légérement en se rendant compte de l'absurdite de ce qu'elle allait dire...

- grandie. (riant) bien que vous étiez déjà adulte lorsque nous nous sommes rencontrées.

La jeune fille eut un grand sourire d'aise, s'inclinant poliment devant la princesse.

-"Mais pareillement, Dame Alicia. C'est vrai que nous n'avons guère eu le temps de nous revoir. Il s'est passé tellement de choses, ici en Orcanie !"

La damoiselle fit signe à une servante, qui s'avança discrètement vers son interlocutrice, avant de s'asseoir elle-même dans un fauteuil, manipulant machinalement les perles de son chapelet romain, toujours enroulé autour de son poignet blanc.

-"Vous me touchez, Dame Alicia. Sachez que je vais avoir mes dix-sept ans dans quatre mois ! Je deviens une vieille femme. D'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de vous féliciter pour vos... fiançailles. C'est évidemment un grand bonheur."

... Pour vous, songeait la jeune Isabelle, qui avait conservé un très bref brin de rancune envers le sieur romain, qui n'avait même pas eu la délicatesse de conserver un semblant de conversation avec elle une fois qu'elle eut refusé sa proposition cavalière. Enfin, s'il n'était pas fiable, cela ne serait certes pas son cas : elle se promit de lui faire envoyer un messager dès le lendemain.

-"Peut-être voulez-vous vous réchauffer un peu ? Il fait si froid dans ce château... J'ai du thé à la camomille si vous voulez, ou du cidre doux. Il est encore tout chaud, il sort des cuisines à l'instant."

Alicia s'indigna légèrement lorsque sa fraîche et mignonne interlocutrice parla de vieillesse

- Qu'est ce que dix-sept printemps ? (riant) Vous sentez vous vieille ? Et que devrais je dire moi qui vais sur mes vingt ans ? Je vous remercie de vos félicitations et vous les retourne. J'ai cru comprendre que vous vous marierez bientôt aussi.

Avec Kadoudal...Étrange union que celle de la Belle et la Bête. Plus étrange encore de savoir qu'il s'agissait bel et bien d'un mariage d'amour. Kadoudal pouvait donc aimer ? La princesse ne portait pas spécialement le conseiller dans son coeur. Et peut être bien que si elle avait dit à Isabelle le traitement qu'il lui avait réservé en prison celle ci aurait changé d'avis sur l'homme. Mais il était temps de tirer un trait sur le passé et d'enterrer la hache de guerre.

- J'accepterais avec grand plaisir un peu de cidre doux. Je le trouve particulièrement délicieux et fruité en Orcanie.

La Comtesse se rappela de son premier mariage et sourit à son interlocutrice

- N'êtes vous pas trop anxieuse à l'idée de vos épousailles ?

La servante, docilement, servit Alicia de cidre doux. Elle huma discrètement la bonne odeur de pomme, très forte, qui se répandit alors dans la pièce ; et après avoir servi Isabelle d'une coupe d'eau fraiche, se retira dans un coin de la pièce, attentive aux moindres besoins de sa maitresse.

Isabelle de Mannach reprit la parole, son visage rougissant à vue d'œil.

-"Je sais que Père a pris la bonne décision à propos de ce mariage. Et puis ... Messire Kadoudal est un si bon fiancé. Je.. j'avais ouïe ... certaines rumeurs... mais j'ai constaté que rien n'était vrai. Il n'est que gentillesse et galanterie ! Quelle femme pourrait exiger plus ?"

Elle devint soudainement écarlate, baissant pudiquement les yeux.

-"C'est vrai que parfois, certaines... questions me tourmentent un peu. Mais le Ciel pourvoira sûrement à mes questions !"

Dame Alicia avait-elle connu ce genre de trouble ? Elle commençait à imaginer la nuit de noce - et cette seule pensée la fit frémir.
Dormir en chemise côte à côté, quel impudeur ! quelle... coutume scandaleuse !
Mais c'était ainsi que l'on faisait les enfants. C'était la volonté de Dieu...

-"Vous... êtiez aussi un peu nerveuse ? Pour votre premier mariage ?"

Alicia faillit légèrement avaler son cidre de travers lorsque Isabelle parla de la gentillesse et de la galanterie du triste Sire. Et surtout des rumeurs si "infondées" au sujet de cet homme. Oh si elle savait ! Kadoudal mentait donc à sa future épouse. Le goujat! Un instant Alicia fut tentée de tout raconter à Isabelle. Mais elle n'en fit rien. Tout se savait un jour n'est ce pas ? Et puis si Kadoudal avait trouvé en Isabelle l'occasion d'un nouveau départ dans sa vie, elle aurait été bien vipère d'essayer de le gâcher. Lui n'aurait pas tant d'égards vis à vis d'elle. Mais justement ils n'étaient pas fais du même bois.

- En effet il parait difficile de demander d'avantage. Mais vous savez le mariage n'est pas seulement une question d'arrangement, d'intérêt. Vivre avec un homme c'est autre chose que de se voir de temps en temps pour de galantes promenades. Alors de grâce Dame Isabelle si vous avez des questions à poser faites le. Ne restez pas dans l'incertitude et ne vous trouvez pas devant le fait accompli. Je pense que Messire Kadoudal vous aime suffisamment pour vous éclairer si vous en avez besoin. Un mari et une femme se doivent de s'appuyer et de se faire confiance.

La princesse but une gorgée du délicieux breuvage, prenant le temps de se remémorer son premier mariage.

- J'étais impatiente. Geoffrey et moi nous connaissions depuis l'enfance et le mariage semblait être une suite logique à notre histoire. Nous étions fiancés depuis de nombreuses années. Et de savoir que je pourrais enfin l'avoir pour moi me rendait anxieuse. En même temps je me demandais si je serais à la hauteur, si je ferais une bonne épouse.

Le rouge monta aux joues de la prude demoiselle !

-"Lui demander ce genre de choses? Mais... c'est impensable. Je n'ose même pas le demander à ma mère... C'est.. tout à fait incorrect. Vous savez, je n'ai jamais voulu me marier. Le couvent est un endroit... si apaisant. Il y règne tant de quiétude..."

Tout sourire disparut de son visage, la mélancolie se lisant facilement dans ses yeux verts. Elle se força à reprendre un air (peu) enjoué.

-"Tout ceci est si futile... La réalité est ce qu'elle est. Et quitte à devoir épouser quelqu'un... autant le faire avec un homme comme lui. Mais rassurez-vous, je sais ce que signifie le mariage ! Je m'apprêtais à célébrer mes fiançailles avec notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque ma pauvre sœur est morte. C'est un engagement indéfectible, quelque soit les difficultés rencontrées."

La comtesse but un peu d'eau, pour se reprendre.

-"Dame Alicia, vous me trouvez sûrement ridicule, et vous auriez raison. oubliez, je vous prie, ces instants d'égarement... revenons à des sujets plus sérieux. Vous vouliez me voir : que puis-je donc pour vous ? c'est, je suppose, à propos du financement de la reconstruction de l'Austrasie...?"

Alicia ne trouvait aucunement Isabelle ridicule. C'était plutôt le contraire. Elle ne faisait pas parti de ses petites oies blanches stupides qui ne vivaient que pour le mariage et fonçaient tête baissée sans chercher à comprendre. Elle demanda

- Le couvent vous manque toujours alors ? Dame Isabelle, il se peut que sans l'avoir fait exprès, j'ai à vous offrir de quoi apaiser cela

Tout de même cela aurait été un beau gâchis que la demoiselle aille s'enfermer dans un lieu aussi stricte et gâcher sa jeunesse. Une chance que son père aie décidé de la marier. La princesse demanda à son chambellan de lui donner le grand rouleau de parchemin qu'il avait apporté.

- Comme vous le savez l'Austrasie est en pleine reconstruction suite aux ravages de cette dragonne. Notre priorité a été d'enterrer dignement nos morts et de replanter , de redonner vie à la terre brûlée. Mais la dragonne a fait d'autres dégâts plus importants encore. Elle a privé bien des enfants de leur parents. Aussi nous sommes en train de construire un orphelinat que nos religieuses administreront. Elles s'occuperont de l'éducation et de l'instruction des petits jusqu'à l'âge de douze ans. Âge auquel ils pourront être placés dans des familles de paysans ou commerçants pour se former à leur futur métiers.

Alicia déroula le parchemin qui révéla les plans de la bâtisse

- Une chapelle, une salle d'étude, des dortoirs, un grand jardin, une cour. Le tout exposé plein sud.

Alicia se tut un instant réfléchissant à ce qui manquait.

- Étant donné la générosité dont vous faites preuve à l'égard de l'Austrasie et parce que c'est vous Isabelle, je voudrais baptiser cet endroit "Institution Isabelle de Mannach". Et si le coeur vous en dit vous pourrez prendre une large part à l'activité de cet orphelinat.

Sa coupe d'eau toujours à la main, Isabelle écoutait Alicia sans mot dire.
Son visage était devenu, petit à petit, aussi rouge qu'une tomate bien mûre.

L'établissement "Isabelle de Mannach".... Jamais, au grand jamais, la jeune fille n'eut soupçonné qu'un tel honneur pouvait lui revenir. Elle en avait le souffle coupé, et la gorge étrangement sèche.

Et ce fut d'une voix ferme mais un peu basse, comme enrouée par l'émotion, qu'elle répondit donc, au bout des quelques secondes qu'elle avait mis à "encaisser" la nouvelle.

-"Dame Alicia... c'est... un immense honneur. Un immense honneur que .. je ne peux pas accepter. Cet orphelinat doit être placé sous la protection d'un saint. Par exemple... Saint Joseph ?"

La conscience libérée, la jeune comtesse continua son discours d'une voix plus légère, bien que très concentrée.

-"Cependant, rien ne peut me faire plus plaisir que de pouvoir m'impliquer plus avant dans ce projet... et si cela ne vous dérange pas... j'ai déjà quelques remarques à vous soumettre.
En premier lieu, je voudrais vous demander si votre orphelinat accueillera des garçons ou des filles. Et en quel honneur construire une salle d'étude quand l'on songe aux bébés et aux très jeunes enfants qui devront être tenus à l'intérieur ? De plus, votre établissement doit pouvoir se suffire à lui-même : il faudrait y accoter une ferme, ou du moins une étable, avec un poulailler et quelques vaches - qui sont très importantes pour le lait, ce qui inclura donc une grande cuisine, en proportion avec le nombre d'enfants que vous comptez accepter."

Isabelle se redressa un peu sur sa chaise, les yeux brillants d'une excitation mal contenue et d'une joie éclatante.
Un orphelinat, quelle idée formidable !

-"Combien d'enfants escomptez-vous admettre dans votre établissement ? Sur quels critères vous baserez-vous ? Noblesse ruinée dans le cataclysme ?"

Elle était sérieuse, zélée, manifestement intensément passionnée par le projet.

[Pour info, en 1930, un orphelin travaillait à 14 ans... j'imagine qu'au VIème siècle... à 6-7 ans, apprentissage en ville, ou dans une ferme quelconque. Sans compter que l'instruction était absolument impensable puisqu'elle ne touchait (peu ou prou) que les religieux, et excessivement peu les nobles.]

hj : Isabelle, ma douce, ma tendre, *smack smack*, ma toute belle ! Coeur

Si la gentille dame Alicia insiste on pourrait ... baptiser cet établissement ... Isabelle de Kadoudal !! bon

Non ? !

Bon ...

*shoot dans une pierre qui va atterrir sur ... Marthou*

Niark !!! Lol

hp : Quand Kadou donnera des sous on bâtira une taverne à son nom ^^. Je réponds demain

HJ: Taverne Kadoudal ça sonne bien^^

Et Isabelle préférerait surement que le batiment portant son nom soit un couvent ^^

-"Dame Alicia... c'est... un immense honneur. Un immense honneur que .. je ne peux pas accepter. Cet orphelinat doit être placé sous la protection d'un saint. Par exemple... Saint Joseph ?"

C'était un plaisir de voir Isabelle si enjouée à cette idée. La Comtesse de Blaye était, de ce fait, certaine d'avoir fait le bon choix.

- Cette institution sera principalement dirigée par des religieuses. Il ne serait donc que justice de lui donner un nom féminin. Et Sainte Isabelle, cette femme qui a fait bâtir un couvent et a consacré sa vie à Dieu sans pourtant être religieuse. Ne serait ce pas un hommage à lui rendre ?

-"Cependant, rien ne peut me faire plus plaisir que de pouvoir m'impliquer plus avant dans ce projet... et si cela ne vous dérange pas... j'ai déjà quelques remarques à vous soumettre.
En premier lieu, je voudrais vous demander si votre orphelinat accueillera des garçons ou des filles. Et en quel honneur construire une salle d'étude quand l'on songe aux bébés et aux très jeunes enfants qui devront être tenus à l'intérieur ? De plus, votre établissement doit pouvoir se suffire à lui-même : il faudrait y accoter une ferme, ou du moins une étable, avec un poulailler et quelques vaches - qui sont très importantes pour le lait, ce qui inclura donc une grande cuisine, en proportion avec le nombre d'enfants que vous comptez accepter."

Cela faisait beaucoup de questions. Mais comment résister à l'engouement de la jeune fille ?

- L'orphelinat accueillera garçons et filles qui bien entendu seront élevés séparément excepté peut être pour quelques activités mais cela reste encore à déterminer. La salle d'étude me parait indispensable dame Isabelle. L'éducation religieuse est à enseigner de toute urgence. La chrétienté est encore toute nouvelle et beaucoup d'enfants ignorent ne serait-ce que l'existence des douze apôtres! Et j'adhère entièrement à vos idées d'indépendance de ce lieu. Mais nous sommes en pleine reconstruction et ne pouvons pas tout faire d'un coup. En revanche se sont des projets d'avenir nécessaire.

-"Combien d'enfants escomptez-vous admettre dans votre établissement ? Sur quels critères vous baserez-vous ? Noblesse ruinée dans le cataclysme ?"

- Seulement une petite vingtaine pour le moment. Le critère principal est d'être orphelin. Je refuse de me cantonner à la noblesse ruinée. Laisser des petits grandir seuls et mal tourner. En vérité mon coeur de mère s'y oppose.

[HJ : Sainte Isabelle a vécu vers 1255... (date à laquelle elle a fondé son monastère) ce qui est peu tard encore pour avoir entendu parler d'elle ^^]

Isabelle leva un sourcil à l'évocation de Sainte Isabelle.

-"Je n'en ai jamais entendu parler. Quand fonda t-elle ce couvent ? Et où ? Vous m'intéressez fortement. C'est vrai que cette idée d'enseigner la religion aux plus jeunes suscitera sûrement des vocations, après quelques années. Cependant, je ne suis pas d'accord avec vous sur le plan de l'indépendance du lieu - qui, je vous le concède volontiers, ne pourra pas être avant au moins deux ans, le temps de faire bâtir. C'est une question primordiale, qui doit au contraire être étudiée avec priorité.
L'Austrasie a d'autres choses à penser que de faire survivre un orphelinat isolé... mais vous devez le savoir bien mieux que moi. Je pense que beaucoup seront prêts à participer aux travaux de manière bénévole, sur leur temps du dimanche, après la messe.
C'est un lieu qui devra représenter beaucoup d'espoir !"

Un grand sourire se peignit sur ses lèvres, déjà à mille lieux du château, en pensée.

-"Peut-être avez-vous déjà préparer des plans...? Quels seront les matériaux utilisés pour la construction ?"

hj : Et les dragons n'ont pas existé et les épée enchantées non plus, et il n'y avait pas d'asiatiques en Bretagne à l'époque...certes. M'enfin il faut bien jouer^^ Cela dit merci pour l'info Smile

Visiblement Sainte Isabelle intéressait vivement l'autre Isabelle. Alicia aurait bien voulu répondre à la question mais elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'étudier la bible dans ses moindres détails. Il était déjà bien qu'elle se souvienne de cette sainte et de ce qu'elle avait vécu. Elle secoua la tête navrée.

- Désolée dame Isabelle je ne saurais vous en dire plus sur cette sainte. Toutefois si vous souhaitez connaître les détails je vous invite à aller en parler au Pére Phocas ou au Pére Agravain. Ils sont nettement plus compétents que moi!

Isabelle ensuite parla de la priorité de l'indépendance de l'Orphelinat.

- C'est un lieu en effet qui représente beaucoup d'espoir et auquel je tiens beaucoup. Mais Dame Isabelle, les Austrasiens travaillent déjà sans relâche à la reconstruction, à l'élaboration de défense contre le dragons, de souterrains, de murailles. Nos alchimistes, nos architectes, nos paysans, tout le monde paye de sa personne. Les nobles également. Alors je ne veux pas les épuiser à la tâche et de ce fait les démotiver. Le dimanche le Seigneur se reposa et ses créatures doivent faire de même. Concernant le bénévolat...je tiens à ce que tout le monde finisse par être remercié d'une façon ou d'une autre.

Il fut ensuite question des matériaux utilisés pour cette construction

- A priori de la pierre...mais là encore mes compétences en la matière sont très limitées. Si vous le voulez je pourrais vous mettre en contact avec ceux qui travaillent sur ce projet et dont c'est la spécialité.

Alicia réfléchit un instant

- A votre avis quelle éducation ces enfants devront recevoir ? Pensez vous que nous devrions nous cantonner à la religion ? Des leçons de morales peut être ? Oh et j'y pense! Il nous faudra les habiller ces enfants ne croyez vous pas ? Que suggérez vous ? Un habit particulier ou peu importe ? Il nous faudra des jouets aussi. Des jeux collectifs et individuels. Pensez vous que les religieuses sauront amuser les enfants ou faudra t il faire venir quelqu'un de special ? Vous même rendrez vous visite à ses petits ?

[hj : adopté donc ^^]

Isabelle comprenait tout à fait le point de vue de son interlocutrice.

Elle hocha la tête docilement à ses remarques et répliqua à ses questions, des étincelles de joie et de concentration dans les yeux.

-"Je pense que l'éducation dispensée pourrait également être manuelle. Se concentrer par exemple sur un domaine : ébénisterie, ou encore les broderies délicates, pour les filles. Enfin... un métier, ce qui nous permettrait de les garder plus durablement dans l'orphelinat. Je trouve ... un peu immoral de les lâcher dans une nature qui risquerait... de les broyer. Qui peut nous dire si leur futur patron ne sera pas un ... débauché notoire ! Mais évidemment, cela impliquerait de rechercher un artisan de talent et des ustensiles adéquats. Qu'en pensez-vous ?"

Isabelle fit une pause de quelques secondes.

-"Je sais que c'est presque irréalisable... je trouve ça ... vraiment dommage. Cependant.. avec beaucoup de prières... je pense que nous saurons trouver ce dont nous avons besoin ! Je viendrais souvent visiter cet établissement. Tout comme l'hôpital bâti en ville. Dans un an, il sera prêt à accueillir ses premiers malades !"

Alicia était réellement enchantée par les propositions d'Isabelle et l'ardeur qu'elle semblait mettre dans cette tâche.

- Quelles bonnes idées vous avez là! Vous avez raison...moi aussi ça m'ennuie de les laisser partir trop tôt mais...aurons nous les moyens de les garder plus longtemps ? Peut être qu'un suivi de nos pupilles serait à envisager ensuite ? Afin de voir si ils sont correctement traités.

Alicia se tut un instant écoutant attentivement son interlocutrice

- Oh non ce n'est pas irréalisable. Pas avec vous. C'est juste que ça peut prendre du temps. C'est de la patience dont nous aurons besoin (souriant) et Dieu sait que j'en suis dépourvue! Mais dites moi quel est cet hôpital dont vous me parlez ?

La jeune fille porta sa coupe d'eau à ses lèvres, songeuse.

Les moyens ... question épineuse, ô combien primordiale.

-"Il faudrait demander confirmation à ma mère Supérieure. Enfin... la Mère Supérieure de mon ancien couvent. Mais je pense qu'il ne serait nécessaire d'injecter de l'argent et des vivres que pendant cinq ou six ans, la dépense la plus importante se situant surtout dans la construction du bâtiment et de ses dépendances.
Quant à un suivi, je pense qu'il serait bon de les laisser aller ensuite de leur propres ailes, soient en les plaçant à la ville, soit de les recommander à un quelconque seigneur qui les prendrait à son service. Bien sur, il faudra compter sur le remplacement de chaque maître, même.. si je ne pense pas que nous ayons à nous inquiéter pour cela.
Beaucoup d'orphelins risquent de vouloir rester dans votre orphelinat. Il nous suffira de garder un des meilleurs."

Isabelle rosit légèrement, le sourire aux lèvres.
Ses yeux brillèrent d'une passion encore inconnue chez elle... et la damoiselle se pencha vers son interlocutrice.

-"Cet hôpital... est destiné aux pauvres de Warminster. Il est en état de réfection, mais j'espère pouvoir l'ouvrir au peuple bientôt. Il y aura quelques nonnes et peut-être... même des prêtresses. Mais ça n'est pas encore sûr. Voudriez-vous le visiter ?"

Elle était toute candide et brûlante d'idéalisme : la ferveur de la jeunesse !

Alicia avait prit une plume et notait au fur et à mesure les idées d'Isabelle sur un parchemin. Elle avait tellement de choses en tête qu'elle craignait d'oublier. Son vieux conseiller saurait où ranger le document pour le retrouver ensuite. Ce dont Alicia par contre n'était pas capable. L'ordre n'avait jamais été son fort.

- Bon, je pense que vous avez raison. Avant que l'Orphelinat ne devienne autonome il se peut qu'il doive être financé quelques années. Mais moins de cinq ou six ans si nous nous débrouillons bien. Le partenariat avec d'autres orphelinats n'est peut être pas à proscrire...nous pouvons nous imprégner de leur savoir faire et leur apporter de la nouveauté.

Pensivement Alicia relut son parchemin.

-"Cet hôpital... est destiné aux pauvres de Warminster. Il est en état de réfection, mais j'espère pouvoir l'ouvrir au peuple bientôt. Il y aura quelques nonnes et peut-être... même des prêtresses. Mais ça n'est pas encore sûr. Voudriez-vous le visiter ?"

Des nonnes et des Prêtresses ? Voilà qui intriguait au plus haut point la Comtesse. Ferait elle bon ménage ensemble ? Mais cette idée lui plaisait beaucoup.

- Vraiment! Ce serait bien volontiers! J'ai très envie de voir cela! Donnons nous prochainement rendez vous pour y aller ensemble. Le voulez vous bien ?

Ses yeux verts resplendissants d'une joie intense, Isabelle porta à nouveau sa coupe à ses lèvres.

Voir Alicia s'intéresser aux actes de charité chrétienne la remplissait d'espoir : Si elle ne pouvait pas changer le monde à elle toute seule, l'aide d'une personne aussi bien placée pouvait se révéler très profitable.

Charité, probité, droiture morale : voilà les qualités que la jeune femme admirait, et son interlocutrice la satisfaisait en tout point la dessus.

D'ailleurs en parlant de rigueur morale... que voilà une belle occasion pour parler de son fiancé, le très silencieux Charles...

-"Si vous le désirez, nous pouvons visiter le site tout de suite. Mais sans doute votre fiancé a t-il besoin de votre présence ?"

La jeune comtesse rougit légèrement de sa propre duplicité. Duplicité, curiosité mal placé ou tout simplement désir de parler de cet homme qui avait ébloui ses yeux de jeune naïve ?
Elle décida que c'était par curiosité. Non, elle ne penserait pas à cet idiot qui avait pensé l'avoir comme une paysanne impudique. Na !

-"Si vous le désirez, nous pouvons visiter le site tout de suite. Mais sans doute votre fiancé a t-il besoin de votre présence ?"

Tout de suite ? Maintenant ? C'était une riche idée! Alicia mourrait d'envie de mettre le nez dehors. Et ci elle pouvait joindre l'utile à l'agréable ce serait encore mieux!

- Et pourquoi pas ? Charles pourrait nous accompagner. Je pense qu'il sera très favorable à visiter lui aussi cet hôpital. (souriant ) au fait je ne sais pas si ce n'est pas moi qui aie besoin de sa présence plutôt que lui. D'ailleurs votre fiancé pourrait venir aussi qu'en pensez vous ?

Car Alicia se demandait comment Kadoudal s'y était prit pour faire tomber sous son charme la pure Isabelle. Comment se comportait il avec elle ? Et puis cela permettrait peut être d'apaiser enfin les tensions qu'il y avait eu entre eux.

Une légère ombre assombrit le bel enthousiasme de la jeune fille, dont l'expression redevint calme et raisonnable, comme à l'ordinaire.

Les deux couples, visiter ensemble la fierté de son cœur ? Que voilà une situation qui ne manquerait pas d'être embarrassante. Isabelle n'avait pas vraiment imaginé que son interlocutrice proposerait de faire venir Charles de Padoue ; mais maintenant, cela était. Autant l'accepter de bonne grâce...

-"Parfait. Mais je ne sais pas si Sire Kadoudal acceptera... C'est un homme très occupé. Vous savez sans doute qu'il a accompagné tout récemment la duchesse Elena (une très légère pointe de mépris retentait dans ce nom, à peine décelable) dans son domaine, pour lui servir d'escorte. Je crains qu'il n'en sois revenu quelque peu fatigué... Les voyages à cheval sont parfois si épuisants !"

Isabelle laissa ses yeux s'égarer sur sa coupe, soudain plus grave, avant de sourire avec mansuétude, exprimant une certaine tendresse indulgente. Elle n'ignorait pas que son fiancé avait une liaison établie depuis longtemps avec cette rebelle qui portait armes et se conduisait comme un homme débauché ; elle ne conservait pas beaucoup d'illusions à son encontre mais avait confiance en Kadoudal pour conserver de la retenue, sinon les apparences.

-"Alors nous ferions mieux d'envoyer un messager les prévenir tout de suite, ainsi que l'écurie."

La comtesse se leva un peu trop rapidement, invitant son amie à faire de même, ignorant les pensées qui tourbillonnaient dans sa jeune cervelle.

-"Vous aurez peut-être besoin de vous changer avant de sortir ?"

D'une inaltérable politesse, la damoiselle bien élevée entendait bien garder les pieds sur terre, et le meilleur moyen était de s'occuper des contingences matérielles.

[ hj : ok, pour ma présence c'est quand vous voulez, ça peut-être drôle]

[merchiiii^^]

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