Les Appartements de Dame Gladys de Windrow

Mélinda laissa échappé un rire enjoué alors que la bouche de Kadoudal la parcourait d'un bout à l'autre. Sensation fort agréable, mais elle avait beaucoup à faire, et plus elle faisait durer l'attente, plus elle avait de chances de garder l'homme dans sa toile.

- Ne soyez pas impatient, mon ami!

Dit-elle en riant. Elle se saisit du visage fiévreux de son amant et l'attira au sien pour l'embrasser.

- Je dois malheureusement écourter notre si plaisant entretien...

Continua-t-elle, boudeuse, alors qu'elle sentait tout l'empressement de Kadoudal.

- Mais je vous inviterai très bientôt à revenir me voir...dès que je serai assurée de ma place au service de notre chère souveraine! Car il va sans dire que si sa majesté ne souhaite pas m'avoir à ses côtés, je devrai quitter le château...

La jeune femme laissa ses mains tracer le contour des épaules robustes de Kadoudal et les glissa le long de son torse tout en le regardant dans les yeux. Allait-il se concentrer sur ses paroles? Ou plutôt sur le geste invitant et contradictoire de la belle?

La belle se laissa embrasser en fermant les yeux, savourant la victoire facile qu'elle venait d'obtenir. Elle rendit son baiser à Kadoudal, enfouissant sa main dans ses cheveux, et le relâcha ensuite pour sortir du lit. Elle resserra son peignoir autour d'elle et noua sa longue chevelure de feu en un chignon lâche.

- Je suis tellement rassurée! J'avoue que ma plus grande crainte était de ne plus pouvoir me dévouée au trône d'Orcanie! Surtout maintenant que notre Reyne est vouée à une Foi plus raisonnable! C'est le ciel qui vous envoie mon ami, pour me sauver...

Mélinda servit son habituel regard félin à Kadoudal.

- Votre promise a bien de la chance...

Puis elle tapota la caisse de bouteilles et sourit à son amant.

- Il ne vous reste plus qu'à profiter de mon modeste présent. Je compte sur vous pour me faire part de l'appréciation de sa Majesté, lorsqu'il aura déguster ce nectar de chez moi. Vous qui êtes proche du Roy, vous devriez peut-être en prendre une coupe avec lui...cela vous rappellera peut-être ma personne...qui sait!

L'air coquin, Mélinda invita Kadoudal à se lever. Elle s'approcha ensuite de lui.

- Cela dit, je ne vous laisserai pas trop longtemps sans nouvelles...sinon peut-être m'oublierai vous...

Cela était presque impossible, pas avec ce qu'elle avait mit dans le vin et dans la ceinture de Kadoudal, mais il était plus que plaisant de jouer au petit jeu de la séduction.

Kadoudal, tout a fait réveillé, mis ses mains derrière sa maudite caboche, avant de s'allonger davantage ...

Il soupira d'aise : qu'il était doux de se faire tresser ses propres lauriers ! Surtout par une femme aussi désirable, qui désormais, devait tant au conseiller .

Mais l'évocation, de nouveau, du divin nom d'Isabelle, le mis encore une fois mal à l'aise ... Qu'avait il fait ?! Grand Dieu !
En même temps ... Il n'avait pas, encore, la bague au doigt le si bel ( ? ) oiseau de proie !

Je vous ai aidé, certes, mais vos capacités, réelles je pense, devraient emporter la décision !

De plus ... La dame ne devait point s'en faire pour ce qui concernait l'invitation du soudard à son souverain : toutes les occasions étaient bonnes pour s'abreuver à satiété, en Orcanie .

Oui !

Je ferai en sorte que notre bon roy goûte sans délais ce divin breuvage ... Malgré l'attrait limité que cette boisson lui inspire .

*soupir navré*

- "Cela dit, je ne vous laisserai pas trop longtemps sans nouvelles...sinon peut-être m'oublierez vous..."

Désormais faisant face à Mélinda, Kadoudal lui lança l'un de ses sourires les plus équivoques, avant de se rapprocher d'elle, un peu plus ...

Aucun risque, ma toute belle !
Ton visage, ton parfum et ... Tes charmes resteront longtemps gravés en mon esprit, certes un peu défaillant .

Plaisanta le rustre ...

Puis il embrassa la venimeuse jeune femme ... Sur son front blanc .

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Mélinda entra dans sa chambre et retira les gants qu'elle avait enfilés pour sortir dans la cour rejoindre Kadoudal. Elle les jeta sur son lit et se dirigea vers la petite armoire sous la fenêtre. Elle en sortit une bouteille de son vin "spécial" et la déposa sur la table basse ou trônaient déjà deux coupes. Elle alluma quelques bougies, secoua un bouquet de muguet qui traînait sur sa coiffeuse et en respira le doux parfum. Elle prit ensuite place devant le grand miroir et y observa son image quelques minutes. Quelques mèches replacées, un peu de poudre sur le nez et elle était fin prête à recevoir son ami.

Elle repensa à la jeune femme de la cour, la petite audacieuse. Elle lui plaisait bien...Elle avait un petit quelque chose de familier, comme si elles avaient eu quelque chose en commun. Dès le matin, après l'administration du remède à la Reyne, elle allait s'informerait de l'endroit ou logeait l'intrigante et demanderait à s'entretenir avec elle.

Même si Kadoudal n'avait pas frapper à la lourde porte de bois, Mélinda aurait su que l'homme était là...Ses pas s'était fait entendre dans le couloir...d'une manière assez hâtive d'ailleurs!! La jeune femme abandonna sa coiffeuse pour aller ouvrir la porte et s'effaça pour laisser entrer son ami. D'un geste du bras, elle désigna la petite table ou ils avaient dégusté ensemble le vin d'Irlande la première fois. Tout était en place pour répéter l'expérience. Elle le suivit et s'installa sur l'une des chaises avant de servir le vin.

- Je suis contente que vous soyez là...c'est un péché, sans nul doute, mais je vois en votre présence un réconfort incomparable...pardonnez-moi. Prenez place je vous prie...

Fit-elle d'une voix douce et timide. L'odeur du muguet embaumait l'air et la lumière des bougies se reflétait dans le miroir de la coiffeuse rendant la pièce chaleureuse.

-Croyez-moi, j'aurais préféré vous recevoir en de meilleurs circonstances. La mort du prince n'a pas qu'affecté ses chers parents, mais bien tout le château, si ce n'est tout le royaume. L'état de deuil fut aussitôt déclaré et le noir et de mise, comme vous pouvez vous en rendre compte...

Termina-t-elle en désignant sa robe simple, mais élégante, et toute en noir. Elle savait très bien que la conversation ne tournerait pas longtemps autour du triste évènement, mais elle aimait bien jouer les innocentes...

Mélinda hocha la tête, compréhensive, et continua:

- Les voies du Seigneur sont impénétrable mon ami...il faut avoir foi en Son plan divin, si vous voulez mon avis. Mais si cela peut vous conforter un tant soit peu, j'irai m'entretenir avec la nouvelle arrivée, puisque visiblement c'est d'elle qu'il est question. Si je peux l'amener à une
Foi plus raisonnable, et bien tant mieux! Et ainsi peut-être arriverez-vous à vous détendre un peu...

Sur ces mots, la jolie demoiselle quitta son siège et alla se poster derrière Kadoudal. Elle glissa ses petites mains au teint de d'ivoire sur les épaules de l'homme et pressa légèrement.

-Vous êtes si tendu! Ne vous inquiétez donc pas pour l'intérêt que porte le Roy à ces gens...De toute façon, n'est-ce-pas le travail d'un Roy de s'entourer de tous les atouts possibles? Ne serait-il pas un bien piètre souverain s'il n'avait connaissance de toutes les cultures et de tous les moeurs de son royaume et des autres? Le Roy Mordred est un homme savant de toutes ces choses et c'est pourquoi il règne en maître...N'êtes-vous pas de mon avis?

Minauda-t-elle tout en massant le cou de Kadoudal qui dégustait son vin.

La dame y alla d'un rire amusé alors que Kadoudal fermait les yeux, apparemment satisfait du traitement qu'il recevait.

- Le Roy ne se soucierait guère de cela en ce moment je crois...

Dit-elle, faisant allusions aux heures sombres que le monarque traversait. Elle remplit la coupe de Kadoudal qui s'était bien vite vidée puis glissa sa main sur l'épaule de l'homme avant de se diriger vers sa coiffeuse.

- Si cela ne vous importune pas, je vais me mettre un peu plus à l'aise...la journée fut longue!

Sur ces paroles, la jeune femme ôta quelques épingles de ses cheveux qui se répandirent en une cascade bouclée sur son dos. Elle retira ses boucles d'oreilles puis:

- Pourriez-vous m'aider? Je n'arrive pas à défaire la boucle de ces collier...

Elle souleva sa chevelure de feu, dévoilant une petite boucle de métal.

En effet...Kadoudal était plus que détendu, et c'est un sourire quasi béat rivé aux lèvres, qu'il considéra, un peu fasciné, Gladys s'éloigner de lui, pour aller ensuite s'installer à sa coiffeuse...

- "Pourriez-vous m'aider? Je n'arrive pas à défaire la boucle de ces collier..."

L'occasion était vraiment trop belle, pour..."Courtiser", une dernière fois la créature incendiaire qu'était Mélinda!

Le conseiller vida alors sa coupe sans trop tarder, se redressa, et se dirigea, un peu chancelant, vers la belle rousse.

Pour exécuter la requête de son hôtesse avec le plus de diligence possible...

Et tout en admirant le dos sublime de la dame, Kadoudal, déjà un peu éméché lui déclara :

Votre vin est toujours aussi...Divin!

Mais...Je me demande si...Vos lèvres sont aussi exquises que la dernière fois!

Lui dit il, avant de déposer un baiser dans le cou blanc de la sorcière...Comme pour lui prouver que ses désirs, à lui, étaient exactement les mêmes.

La jeune femme ne fut que très peu surprise du contact des lèvres de son ami sur son cou à la peau de satin. Après tout, n'avait-elle pas tout mit en oeuvre pour que telle chose arrive? Un sourire taquin aux lèvres, Mélinda se retourna, fixant son regard à celui de Kadoudal.

-Eh bien loin de moi l'idée de vous tenter (euh ouais c'est ça! ) mais puisque je ne puis moi même avoir un aperçu, il vous faudra que vous y goûtiez, pour le savoir...

Fit-elle en se levant lentement et en pressant son corps contre celui de Kadoudal. Elle posa une main légère sur l'épaule de ce dernier, et lui servit son air le plus innocemment dangereux. L'imposant volatile noir s'ébroua dans sa cage, laissant s'échapper une plume ou deux.

Toutes barrières brisées, Mélinda s'abandonna aux caresses délicieusement affamées de Kadoudal. La scène se déroula plus rapidement que la première fois, si bien qu'en peu de temps, Mélinda se retrouva nue sur les draps de son immense lit.

Kadoudal l'y rejoignit, et ils partagèrent une fois encore le lit de la belle. Mélinda se délecta du savoir-faire de son partenaire qui dans chaque caresse enflammait sa peau. Ce qui fut tout d'abord une tâche, une étape de son plan, devint un plaisir intense dont elle profita pleinement.

Lorsque leurs deux corps se séparèrent, en sueur et satisfaits, Mélinda se mit à rire mélodieusement. Elle s'enroula dans les draps et appuya sa tête sur le torse de Kadoudal.

- Vous allez me manquer...

Dit-elle sincèrement. Une fois de plus, son énorme volatile noir s'ébroua dans sa cage. L'espace d'un instant, l'intuition de la jeune femme lui indiqua qu'il s'était passé quelque chose...d'inattendu.

Mélinda se laissa faire fermant les yeux au contact des lèvres de Kadoudal sur son front. Elle lui était sincèrement reconnaissante.

- Vous avez été si bon avec moi, et vous continuez de l'être, je vous devrai toujours toute la chance que j'ai eu ici, en Orcanie!

La jeune femme se leva, enroulée dans un drap, prit place à sa coiffeuse.

- Si jamais vous avez besoin d'un remède quelconque, du mal de tête à la rage de dent, venez me voir, je pourrai vous aider. C'est le moins que je puisse faire pour vous.

Un peigne à la main, Mélinda entreprit de démêler sa longue chevelure rousse, tout en regardant Kadoudal se préparer à quitter sa chambre...

Mélinda se regarda dans la glace et gloussa.

- Je vous en prie, Monseigneur...Ce genre de mélange ne fait pas partie de mon répertoire. Toutefois, si vous pensez qu'il vous serait utile d'en posséder prochainement...Je pourrais m'informer des possibilités.

La phrase avait été prononcée sur un ton légèrement moqueur, plein de sous-entendu, mais elle savait que Kadoudal ne s'en offusquerait pas. Elle lui sourit, de cette manière ravageuse dont elle avait le secret.

- Ceci dit, je ne crois pas que vous soyez de ceux qui ait besoin de ce genre de chose...Pour ce que j'en sais, du moins...

Elle sourit de nouveau.