Complots..... La Menace Intérieure....

Mercenaires? Il allait en trouver; mais pas sûr que Thomas soit vraiment très emballé à l'idée de revoir Maeve et ses hommes, qui, de mémoire, avaient fait un carnage parmi les gardes de Baléagant et grandement participé à sa capture. Ainsi, Maeve, Toubib, le lieutenant Shed Trois-Doigts et Silence étaient venus noyer leur ennui dans l'alcool; le reste du régiment était resté à la caserne, et les officiers profitaient d'un peu de calme au milieu d'un océan de morosité.

Au moins Maeve ne les entendait plus se plaindre, mais la situation devenait critique. Toubib et Shed semblaient décidés à vider la réserve du patron tout en se lamentant sur la situation; Maeve réfléchissait, et Silence, comme à son habitude, se taisait.

-On les tiendra pas longtemps, soupira Toubib, parlant en saxon. On va devoir faire face à des désertions, c'est certain.

Shed pianota de ses huit doigts sur la table, l'air renfrogné.

-Si c'est pas déjà le cas, lança-il. Marron et Gann manquaient à l'appel, et pas de trace de Roupille depuis bien une semaine. Il peut bien s'être fait alpaguer par des gars en ville, en tout cas il s'est fait la malle.

Maeve garda le silence, les bras croisés, l'air sombre, fixant la table avec une telle intensité qu'on s'attendait presque à voir le bois se consumer de lui-même.
Autour d'elle, la conversation repartit; Silence la fixait du regard, elle aussi, l'air d'essayer de percer à jour les pensées de la capitaine.

-Roupille... Le gros roux? Lança Toubib. Le scot de Cathbadh? Pas vu depuis un moment, c'est vrai... En même temps, depuis quelques mois, je ne vois plus passer grand monde, et j'ai perdu l'habitude de mes travaux de couture; non pas que le rafistolage me manque, mais je dois avoir perdu la main, depuis.

-Et ben c'est rassurant de savoir qu'on peut compter sur un médecin compétent en cas de pépin, ricana Shed en portant sa chope à sa bouche.

-On pourrait faire la même, dit soudain Maeve.

Shed et Toubib se figèrent. Même Silence laissa filer une ombre d'étonnement sur son visage impassible.

-Pourquoi on est là? Hein? Pour faire joli? Pour que je parade avec Aegirson pendant les cérémonies officielles? Pour qu'on moisisse dans une caserne pour le restant de nos jours? A quoi on sert, exactement?

Un silence accueillit ses paroles. Le lieutenant et le médecin glissèrent un regard perplexe l'un vers l'autre, et échangèrent un sourire.

-On se demandait quand vous alliez enfin y songer, capitaine; avoua Shed. Même nous, on se demandait si on allait pas suivre les gars qui se sont fait la malle.

La jeune femme eut un sourire en coin. Quelle belle bande d'idiots, tous... Mais le fait qu'aucun officier n'ait encore quitté le navire signifiait qu'au moins, la discipline fonctionnait encore..

-L'aurais-tu fait que je t'aurais retrouvé et botté le cul jusqu'à ce que mort s'en suive, Shed Trois-Doigts.

Le sourire de Maeve démentait ses paroles, mais ce genre de menace en l'air faisait figure de démonstration d'affection, dans la compagnie. Même Silence s'autorisa un petit rictus qui tordit à peine la ligne froide de sa bouche. Ils trinquèrent, fêtant à l'avance leur liberté prochainement retrouvée; celle-ci serait passagère, jusqu'à ce qu'ils retrouvent un employeur. Mais d'ici là, au moins l'ennui ne serait plus vraiment au rendez-vous.

Un moine aux grandes oreilles se dit que cette fichue taverne était incroyable...
Il ne leva à aucun moment les yeux de sa choppe de mauvaise bière. Mais si on avait pu voir ses yeux dissimulés sous sa capuche enfoncée, on aurait pu constater son évident plaisir.

Jésus, pensa Sylvérus, dévoué espion de Basileus, avec ce genre d'information c'est toute l'Orcaie qui sera redevable à Monseigneur Phocas et au Basileus...

[Thomas, on parlait en saxon ^^ à moins que tu n'aies des rudiments de cette langue, tu ne devrais pas nous avoir comprit... ^^" mais on règlera ça plus tard ]

Un lourd silence tomba sur la tablée de saxons. Silence et Shed fixaient le nouveau venu d'un air hostile, tandis que Toubib piochait une pièce dans le tas, et s'assurait de son authenticité.
Maeve n'avait pas bougé. Elle se tourna lentement, très lentement, vers l'étranger, un mauvais sourire aux lèvres.

-Qu'est ce qui te fait dire ça, l'ami? Lança-elle en breton. Tu sais que c'est dangereux, de se montrer si peu discret. Tu sais aussi ce qui pend au nez des traîtres et des déserteurs... Tu insinues que nous avons des têtes de pendards?

Cet imbécile allait les mettre en danger, tous autant qu'ils étaient. Il ne fallait pas que qui que ce soit se doute que les saxons allaient mettre les voiles prochainement. Elle parcourut la foule avinée d'un regard suspicieux, mais tous étaient occupés ailleurs, et personne ne semblait vraiment leur prêter attention. Tous commençaient à avoir l'habitude de croiser les saxons à la taverne, officiers ou soldats, et tous avaient l'habitude de les voir se chicaner avec les autochtones.

-Tu tentes de nous acheter? Dit-elle avec une trompeuse tranquillité.

Ses compagnons échangèrent un regard. Quand elle employait ce ton-là, ce n'était jamais bon pour celui qui était en face. Sans prévenir, Maeve se leva et saisit l'homme à la gorge, le soulevant autant que sa petite taille le lui permettait.

Toubib sourit. Du bluff de première. Fortiche, la capitaine. Shed, appuyant sa chef, se leva, posant une main sur l'épaule de la jeune femme.

-Du calme, Maeve; le tuer n'est peut être pas la bonne solution.

-Ne te mêle pas de ça, Trois-Doigts; laissa-elle tomber d'une voix glacée, ses yeux sombres fixés sur sa victime désignée.

Elle l'agrippa par le col et approcha son visage du sien, murmurant d'une voix haineuse. Mais les paroles qu'elle prononça en auraient étonné beaucoup, dans l'assistance.

-Attend-nous dehors, on va parler de ça tranquillement, chuchota-elle de façon à n'être entendue que de Thomas, sa voix couverte par le brouhaha ambiant. Si observés ils étaient, personne ne pouvait entendre ce qu'elle avait vraiment dit.

-Je me suis bien fait comprendre? Lança-elle avec une colère envenimée de mépris. Maintenant dégage, avant que je ne change d'avis.

Elle se laissa tomber sur son siège, animée d'une de ces colères froides qui pouvaient s'avérer dévastatrices. Ce n'était en vérité pas que du bluff; ce type, en les écoutant et en se montrant si peu discret, avait failli les foutre dans les ennuis jusqu'aux oreilles, et elle fulminait intérieurement qu'il existât au monde des êtres dotés de si peu de bon sens.

-Mais ferme-la donc, grogna Maeve lorsque l'encombrant gusse s'en fut.

En silence, les saxons terminèrent leurs bières. Quelques pièces furent laissées sur la table à l'intention du tavernier, tandis que Toubib raflait l'or laissé à leur intention.

Plus personne ne semblait leur prêter attention, et tous se doutaient bien que les saxons, bien que païens hérétiques et barbares, allaient épargner le pauvre prélat qui était venu les enquiquiner.
C'était bien mal connaître Maeve et ses officiers, qui tapaient sur tout ce qui bougeait, pour peu qu'on les ait au préalable chèrement payé pour cela. Ou non, d'ailleurs.

Shed, Maeve, Silence et Toubib se levèrent et sortirent; une fois dehors, la jeune femme fouilla les ténèbres des yeux, cherchant trace du cureton dévoyé.

-Où est-il passé, ce rat? Lança Shed, méfiant.

Silence poussa un sifflement léger entre ses dents, et indiqua une ruelle qui bifurquait depuis la rue principale sur laquelle donnait l'auberge.

Faisant confiance au flair légendaire de l'éclaireur, ils suivirent la direction indiquée; effectivement, l'homme était là, posté dans l'ombre, et les attendait. Maeve ne s'encombra pas de plus de manière que dans l'auberge.

Elle alla droit à lui, et le saisit une nouvelle fois par le col.

-Dis-donc, toi; on t'as jamais apprit la discrétion? Siffla-elle entre ses dents. La populace n'attend qu'un signe de ce genre pour nous foutre dehors, déjà qu'on est pas les bienvenus, si un crétin s'amuse à faire courir le bruit qu'on est des traîtres, je donne pas cher de notre peau!

Elle le rejeta contre le mur d'un geste vif, et sembla se calmer. Croisant les bras, elle recula d'un pas et adressa quelques mots à Silence, en saxon.

-Vérifie que des oreilles indiscrètes ne traînent pas dans le secteur, et préviens-nous si quelqu'un s'amène.
Ceci dit, elle se retourna vers le faux prêtre.
On t'écoute, qu'est ce que tu proposes?

Les trois officiers écoutèrent attentivement ce que l'homme avait à dire, un fin sourire se dessinant sur les lèvres de Maeve. Shed semblait perplexe, et la méfiance de Toubib lui débordait par les oreilles.
Le lieutenant fut prit d'un doute lorsqu'il mentionna leurs camps opposés, et la curiosité devança sa capitaine lorsqu'il ôta la capuche qui masquait encore les traits du faux religieux.

-ça alors, ricana-il. Un gaurréen? Vous devez être sérieusement embêté pour recourir à nos services.

-Les rats ont bien fini par quitter le navire, poursuivit Toubib d'un ton mordant.

Seule Maeve gardait le silence, mais son sourire en disait suffisamment long. Les bras croisés, elle hocha la tête.

-Compte sur notre silence, gaurréen. Quant à l'or, je me fiche de quelle poche il est tiré, pourvu qu'il soit abondant. Cent deniers par tête, cent cinquante pour les officiers, plus la moitié des prises de guerre; ces conditions ne sont pas négociables, annonça la jeune femme.

Elle sourit à nouveau, de ce rictus froid et sans joie, ironique et cruel, qui la caractérisait.

-Faites-moi savoir quand nous devons lever le camp.

Les saxons échangèrent un sourire à l'aveu du non-patriotisme de Thomas.

-C'est le propre de tous les mercenaires, mon gars; lança Shed, qui semblait soudain éprouver une certaine sympathie envers lui.

-Nous ne portons pas non plus les chrétiens dans nos coeurs, poursuivit Maeve. Même s'ils nous ont officiellement baptisés en même temps qu'Aegirson...

Leur aversion était, cela dit, bien plus affaire de culture que de religion; mais celles-ci étaient tellement mêlées à la vie quotidienne et à la mentalité des peuples que dénigrer l'un revenait souvent à dénigrer l'autre. Maeve, elle se contentait de se battre sans états d'âme.
Cela dit, le fait que les chrétiens la traitassent comme moins que rien, parce que femme et païenne qui plus était, lui hérissait le poil au-delà de l'imaginable, raison pour laquelle elle devenait, chaque jour passant, un peu plus farouchement attachée à sa propre cause de païenne.

Le sourire de la capitaine s'effaça légèrement lorsqu'il parla d'un enlèvement.

-Silence pourra s'en charger, dit Toubib à voix basse, avec un signe de tête en direction des toits.

Mais Maeve semblait réticente.

-Nous sommes des guerriers, pas des maîtres en infiltration et ce genre de galipettes. Silence est le seul parmi mes hommes qui soit doué pour ces choses; et seul, je doute qu'il y arrive.

Shed chuchota un nom à l'oreille de la capitaine, qui hocha la tête, pensive.

-L'Angemort, lança-elle.

Elle sourit brièvement.

-Pour Silence et lui, ça sera de la rigolade, si vous le payez bien. Et il sera sans doute très utile contre Mordred. Vous avez juste une condition à remplir pour vous offrir ses précieux services: payer plus que ne l'a payé le roi.

-Si ce qu'on dit à propos de l'Angemort est vrai, il peut venir seul à bout de plusieurs hommes, sans aucune peine; sourit Maeve.

-Et Silence n'est pas le moins dégourdi, renchérit Shed avec un air satisfait. A deux, ils feront un carnage.

-Et qui est la victime? Demanda Maeve d'un air soupçonneux. Je ne voudrais pas envoyer mon meilleur éclaireur au casse-pipe sans savoir de quoi il retourne précisément.

Elle croisa les bras d'un air résolu.

-Silence vous trouvera l'Angemort, mais répondez à ma questions. Qui, et à combien de personnes devons-nous nous attendre? Et surtout, où devons-nous nous charger de la réception du paquet?

-J'aime pas ça, cracha Maeve d'un ton méfiant. Capturer la reine mère? Je dois vraiment vous rappeler ce qui s'est passé la dernière fois que quelqu'un a essayé de s'en prendre à elle? Que l'Angemort fasse le boulot, j'enverrai pas mes hommes au casse-pipe.

-Capitaine, ça fait quand même une sacré somme, risqua Toubib à voix basse. Dix fois la somme convenue... On a fait des missions suicide pire que celles-là, pas vrai Shed?

Le lieutenant baissa les yeux, prit entre deux feux, mais Maeve ne lui laissa pas le temps de répondre.

-Fais un peu taire ton avidité, Toubib. Ou je t'enverrai en première ligne pour cueillir la louve dans les bois. Pigé?

L'officier marmonna quelque chose en saxon, mais il savait que ça ne servirait à rien de vouloir contredire sa capitaine. Il hocha la tête, l'air contrarié, gardant ses récriminations pour lui.
Maeve garda le silence un moment, l'air de cogiter dur; Silence et l'Angemort étaient de vraies machines à tuer, elle le savait, mais feraient-ils face à une escorte massive? Connaissant le peu d'amour que l'on portait à Morgause, Marth prévoirait sans doute une protection rapprochée et plus que suffisante; il faudrait envoyer plus que deux hommes pour se charger de la reine.

Elle jura entre ses dents.

-Shed! Combien d'hommes peut-on envoyer sans dégarnir nos rangs?

-Pas plus d'une dizaine, capitaine. Pour ce genre de galipettes, Aelwyn et Sourire seront les plus efficaces. Callaigh et ses archers ne seront pas de trop, à mon avis.

La jeune femme soupira, se pinça l'arête du nez; par tous les dieux, cette mission sentait mauvais, très mauvais.

-Très bien, lança-elle au bout d'un moment. On s'en charge. Interdiction à tous de crever sur place, sinon ils vont m'entendre, je m'arrangerai pour leur pourrir la vie même dans l'Autre Monde.

Toubib et Shed échangèrent un sourire discret. C'était qu'elle en était capable, la capitaine.
Mais cet ordre fou recouvrait une autre réalité: les guerres et les morts, les désertions avaient tellement miné la compagnie que ceux qui étaient restés n'étaient que les plus fidèles. Un mort, c'était un ami, un frère qui partait. Maeve ne pouvait pas se permettre de perdre ses meilleurs éléments.

-Le mieux c'est qu'on mette ça en place dans un endroit un peu plus calme, et en présence de tout le monde, lança Maeve en donnant une petite tape sur l'épaule de Thomas.

Elle lança quelques mots dans sa langue, qui résonnèrent au-dessus des toits. Quelques instants plus tard, Silence apparaissait, comme surgi des ténèbres, à l'autre bout de la venelle.

-Trouve l'Angemort et rejoins-nous aux quartiers. Fait vite. Dit la saxonne d'un ton sec.

L'éclaireur cligna de ses yeux sombres et hocha la tête avant de disparaître à nouveau, fidèle à son nom, comme s'il était issu de l'ombre où il venait de s'évanouir.

Les trois saxons s'en furent, surveillant du coin de l'oeil le faux prêtre, au travers des ruelles tortueuses de la ville. Un garde ensommeillé les arrêta à l'entrée de la caserne, mais un seul coup d'oeil à l'allure dissuasive des saxons lui coupa l'envie de les asticoter. Seul le moine attira son attention, mais étant de notoriété publique que les saxons de Kaarl étaient récemment convertis, il ne se posa pas plus de questions.

A l'intérieur du bâtiment, quelques lampes brûlaient encore entre les paillasses étalées à même le sol. Quelques mercenaires jouaient aux dés sur une table qui avait l'air de dater du siècle dernier; la salle était dans un état de décrépitude avancée: on n'avait surtout pas prit la peine de loger la garde du roi Kaarl dans un endroit plus confortable, oh non...

Quelques regards se tournèrent vers eux à leur entrée, et un ou deux soldats parmi les plus vifs lancèrent un salut à leurs officiers. Le reste de la troupe dormait ou discutait à voix basse, noyés dans un ennui profond.

-Shed, Toubib,réveillez tout le monde. On a du boulot.

Les cinq hommes assis à la table se levèrent, surpris, un sourire aux lèvres.

-Du boulot? Lança l'un d'eux. Et lui, c'est qui?

Ce disant, il désigna Thomas d'un signe de tête.

-Notre nouvel employeur, répliqua Maeve avec un sourire. On a un gros poisson à attraper.

[Si tu as le temps, on peut faire en parallèle le topic où maeve annonce à ce cher kaarl qu'elle se tire ^^
ça pourrait être marrant, ça fait longtemps qu'ils se sont pas vus ]

Il fallut un moment pour que Shed et Toubib battent le rappel des troupes. Pendant ce temps, Maeve s'était assise, tandis que l'on rassemblait le peu de sièges que comptait leurs maigres quartiers.

Tout le monde fut rassemblé dans la salle: ils étaient une soixantaine, barbus, chevelus, d'origines diverses, bien que le gros de la troupe ait le teint pâle et les cheveux blonds des saxons. On plaça des sentinelles aux portes, histoire que leur petite histoire ne s'ébruite pas.

Maeve prit la parole, debout au milieu de tous ses hommes massifs dont la plupart la dépassaient d'une bonne tête.

-Comme vous le savez tous, nous sommes devenus, grâce aux bons soins du roi Kaarl, de bons chrétiens chargés de sa garde; depuis notre arrivée, à quoi avons-nous eu droit? A des quartiers moisis et à l'ennui.

A ces mots, des ricanements et des marmonnements se propagèrent.

-Une alliance se prépare; j'ai l'honneur de vous annoncer que nous serons de la partie, histoire de tirer les orteils de Mordred et de rappeler à son bon souvenir les guerres qu'il a menées contre nous. Kaarl a courbé le cou devant lui, mais nous lui montrerons ce qu'est la fierté des saxons!

Quelques cris de joie fusèrent, des paroles en saxon, chargées de vindicte, résonnèrent sous les poutres du bâtiment.

-Pour commencer, notre mission sera très simple, mais extrêmement périlleuse.

Maeve baissa la voix.

-Nous devons capturer la reine mère, Morgause. Pour cela, nous aurons du renfort; l'Angemort nous prêtera main-forte, ainsi que des troupes de nos nouveaux alliés.

A peine eut-elle terminé sa phrase que quelqu'un entra. Silence, précédé par Angemort, pénétrèrent dans la salle. Silence salua, puis alla s'asseoir dans un coin, ses yeux vifs balayant l'assistance.

Angemort resta immobile, droit, un sourire aux lèvres.

-C'est donc vrai, dit-il d'une voix posée. Alors c'est vous, lança-il à Thomas, qui désirez disposer de mes services? Avez-vous de l'or?

Il sourit, et s'avança un peu, dévisageant l'assemblée.

-Quelle belle compagnie vous avez là... je ne doute pas un instant que si vous pouvez vous offrir la fidélité de si valeureux soldats, vous aurez également les moyens d'acheter la mienne...

Thomas regarda, appréciateur, le groupe d'hommes et écouta les propos de Maeve: elle savait parler, elle savait motiver ses troupes et, Thomas était content de l'avoir engagée.

Et Angemort survint au bon moment, et Thomas l'accueillit:

"Ainsi c'est vous le valeureux Angemort? Si vous voulez de l'or vous allez en avoir. J'ai promis de l'or et vous en aurez tous! Mais aussi de magnifiques combats!"

Déclara Thomas, espérant que cela leur plairait, comme ça avait plu aux Gaurres.

Et il sortit une bourse.

"Voila une avance pour vous Angemort. Si cela vous intéresse."

La bourse qu'il donnait était aussi remplie que l'avance de Maeve.

HJ: Kaarl postera ce week end sur le topic avec Mori et Eli, et ce topic que tu peux ouvrir.

(Botte moi les fesses si j'oublie.)

[je n'y manquerai pas ]

-Vous savez me parler, messire; dit Angemort en souriant.

Il soupesa la bourse, son sourire de serpent tordant sa face blême. Ses longs doigts minces défirent la cordelette, et fouillèrent parmi les pièces dans un tintement agréable.

-Quel doux chant que celui de l'or quand il m'est offert... L'affaire est entendue, messire; vous avez l'honneur de me compter parmi les vôtres. Que dois-je faire pour mériter cet or?

Angemort croisa les bras, son éternel sourire de glace suspendu aux lèvres, ses yeux violacés luisant comme des perles gelées à la lueur des lampes. Il promena un regard amusé sur les saxons, s'attardant sur Maeve. Avec une telle compagnie, sans nulle doute qu'il allait au-devant d'histoires amusantes et récréatives, telles que morts et batailles à tout va.
Mordred pouvait bien envoyer après eux tout ce que son royaume comptait de porte-lames, ces gens semblaient prêts à tout pour lui montrer combien il était peu prudent de s'en tenir à une fidélité monnayable. Et puis, il y avait si longtemps qu'il n'avait pu se servir de ses lames, que sa dague se desséchait.

-Très bien.

Angemort croisa les bras d'un air résolu, et son sourire quitta son visage en un instant. Il réfléchit un moment, et s'approcha de la table où siégeaient Maeve et ses lieutenants.

-Avons-nous la possibilité de connaître par avance le chemin que suivra la reine et son escorte? Le mieux est de tendre une embuscade, et la forêt me semble un endroit tout particulièrement approprié pour cet exercice.

Il lança un regard interrogateur à Thomas, puis poursuivit d'un ton tranquille.

-Quelqu'un doit pouvoir nous renseigner à ce sujet; où, et quand la reine se trouvera sur le lieu le plus approprié; combien d'hommes avons-nous à notre disposition?

Cette fois, il se tourna vers Maeve, posant son regard de glace sur la saxonne. Celle ci désigna ses hommes d'un geste de la main.

-Une dizaine de mes soldats vous épauleront. Aelwyn, Sourire, vous êtes du voyage -deux hommes hochèrent la tête, et firent un pas en avant pour se montrer aux yeux d'Angemort et de Thomas; Callaigh, tu commandera les archers. Silence vous accompagnera également, en tant qu'éclaireur. Nous pouvons également compter sur le soutien de troupes fournies par nos alliés de Gaurres; cela vous satisfait-il?

Angemort hocha la tête avec un sourire, fixant chacun des hommes désignés avec attention; il ne s'attendait pas vraiment à cela. Ces soldats étaient solides, des durs à cuir, mais pour le moment, ils manquaient de préparation. Pourtant, rien de tel qu'une mission risquée et dangereuse pour stimuler la troupe, et l'assassin en premier. Il y avait si longtemps que cela ne s'était pas produit... Pas depuis la guerre contre Baléagant, en vérité.

-Que des renforts se tiennent prêts si ça tourne mal. Aelwyn, Sourire, Callaigh, nous partons dès ce soir. Toubib, je te confie les gars; mettez les voiles au plus tôt, éloignez-vous de Warminster et faites-vous discret. Silence vous rejoindra lorsque tout sera fini, préparez-vous à avoir des ennuis avec les orcaniens.

Maeve aboya une série d'ordre en saxon, et les hommes s'éparpillèrent, parlant dans leur langue, riant, rassemblant leurs paquetages éparpillé dans la grande salle. Angemort les regarda faire avec le sourire froid qui le caractérisait; il s'avança vers Maeve et ses officiers, dévisage Thomas d'un regard froid.

-J'ose espérer que notre collaboration sera fructueuse...

-Elle le sera, sourit Maeve à son tour, de sinistre façon.

Rien ne lui était plus doux que les préparatifs d'un départ, surtout vers la liberté et la guerre... Sa main gantée se referma sur sa hache, qui n'avait guère fendu que le bois des cibles d'entrainement, ces derniers mois. Elle avait soif de sang. Soif de batailles, et de chevauchées mortelles, hâte de ressentir cette joie cruelle lorsque retentissaient les premières clameurs.

La guerre, était tout ce qu'elle aimait; nulle part ailleurs qu'au milieu du danger elle se sentait vivre, peut être parce qu'elle ressentait plus que jamais la fragilité de celle-ci.

Et les hommes s'activaient, Shed et Toubib discutant à voix basse, Angemort les détaillant des yeux en se frottant pensivement le visage, comme si lui aussi imaginait déjà la joie du carnage.

La mort se mettait en route. Il y avait de l'allégresse dans l'air, une joie sauvage dans les chants qui résonnaient; comme si soudain, la cruelle machine de guerre saxonne s'était remise en marche. Loin, déjà, le temps de l'ennui et de l'inaction... Tout recommençait, leur vie reprenait son cours d'autrefois.

Les lames scintillaient, les flèches semblaient luire comme au premier jour, et on les chargeait, les enveloppait pour le transport, les aiguisait avec soin, et la chanson du métal glacé résonnait à sa manière dans le bâtiment délabré.